Sarkozy, les promesses n’engagent que ceux qui les croient

En ces temps de raz-de-marée d’affaires, il y aurait beaucoup à écrire, à éclairer. Des torrents de mots à noircir pour se désoler de combien la France de Sarkozy est devenue arrogante, corrompue, égoïste, maladroite : elle se permet par exemple de reprendre une Europe qui s’inquiète de la politique en matière de Roms de l’Hexagone – et des « objectifs » chiffrés d’expulsion – en lui rappelant que « la France est souveraine, et n’a pas de leçon à recevoir ». Elle est incapable de réformer les retraites, mais excelle dans la réforme fiscale – qui oubliera le « bouclier » instauré en pleine crise économique ? Le chef de l’Etat, il est vrai, n’a aucun scrupule à ouvertement profiter des largesses de ses amis fortunés, à s’insulter comme un charretier avec ses administrés à une foire, à user des forces policières pour retrouver le scooter de son fils (hier) et à saisir les services secrets pour retrouver la source indiscrètes des attaques à son ministre Woerth.

La liste est longue, même pour une homme qui n’a jamais caché son arrivisme, son ambition et sa traîtrise. Il a été élu en tout état de cause. Son parcours et ses actions parlaient d’elles-même.

Il y a trois ans pourtant, le président Sarkozy avait surpris. Non seulement par la stratégie politique inventive et couronnée de succès qu’il allait mettre en oeuvre – il éjecte du spectre tous ses ennemis, de l’extrême droite à la gauche extrême -, mais aussi par son discours d’investiture, au soir des résultats de la présidentielle. Le 16 mai 2007, voici ce que déclarait le nouveau président français, reproduis ci-après. Et si les promesses n’engagent que ceux qui les croient, force est de constater qu’un seul point a été respecté : défendre l’identité française.

Chacun jugera si, dans les 15 à 20 mois (en comptant sa campagne de réélection) qu’il a encore à disposition, le président peut rectifier le tir. Lisez plutôt.
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Les 4 (quatre) accords toltèques : la voi(x)e Coelho de l’Amérique centrale

Aime-toi toi-même avant d’aimer ton prochain. Voilà résumés, mais je pense sans raccourci, les 4 accords toltèques tels que présentés par Don Miguel Ruiz Ruiz Don Miguel, Les quatre accords toltèques, Edition Jouvence, 2005. Une sagesse ancienne, que l’on retrouve à peu près dans toutes les cultures. A chacun de trouver sa voie, de suivre sa propre initiation, car toute l’humanité serait « à la recherche de la vérité, de la justice et de la beauté ». D’autres remplaceraient ce triptyque par « force, sagesse et beauté », ce qui revient peu ou prou à la même chose. Ayons l’illumination, suivons la lumière qui nous montre le chemin; Socrate ou un chaman toltèque, après tout, c’est du pareil au même. Le monde visible n’est qu’un reflet de la réalité, aussi bien chez les philosophes socratiques, que pour les chamans toltèques, pour qui la mitote nous empêche de « vivre notre rêve ».

Il y a évidemment beaucoup de bon sens. Passer de l’avoir à l’être, voilà une filiation que ne renieraient pas Jésus, Bouddha ou Zarathoustra. On ne peut que se retrouver autour de tels objectifs : apprendre, grandir, expérimenter, ne pas souffrir. Faire le bien : voilà qui relie les 5 continents, du nord au sud. Mais il existe deux pôles d’influences et de méthodes pour appréhender ce parcours initiatique : la manière philosophique, et la manière religieuse. La première est plus ardue, une pente qui ne fait que se répéter à l’infini. C’est le chemin qui compte. A l’inverse, la version religieuse vous donne clés en main les solutions. Car il suffit de « vouloir » pour pouvoir. La volonté abat les montagnes. Nous avons tous en nous le pouvoir d’un dieu : le rêve américain dans toute sa splendeur.

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Michel Foucault « Surveiller et punir », ou la prison normalisatrice : une allégorie sociétale

Souvenez-vous : il y a 35 ans, Foucault s’en prenait à l’univers carcéral. Incapable de répondre aux attentes des politiciens, de la société ou des prisonniers eux-mêmes, la prison française était victime de la révolte de ses occupants, du défaitisme politique et de l’incompréhension du grand public. C’était 6 ans avant l’abrogation de la peine de mort (et donc de l’adhésion pleine et entière à la prison comme seule réponse à la délinquance), mais aussi 150 ans après ses premiers essais à grande échelle en Hexagone. Foucault écrivait alors que rien n’était vraiment nouveau, que les problèmes de l’univers carcéral étaient structurels, presque ontologiques à la prison; pour preuve, presque 4 décennies plus tard, les questions sont rigoureusement les mêmes, et les réponses aussi – comprendre, inexistantes. La seule différence, c’est que l’emprisonnement – la privation de liberté – comme riposte à l’illégalité pénale s’est encore plus engoncée dans ses certitudes, à peine effleurée par les complications endémiques que sont la criminalisation des petits délinquants et de la surpopulation des établissements pénitentiaires; rien, ou presque, n’a changé en deux siècles, les attentes contradictoires sur ce que doit être la prison sont rigoureusement identiques, et les échecs tout aussi patents.

Dans son « Surveiller et punir » de 1975, Michel Foucault ouvre la réflexion sur l’artifice du supplice : grand déballage qu’on qualifierait aujourd’hui « d’évènement médiatique », les scènes de tortures n’avaient pas pour objectif – selon le philosophe – de décourager seulement la reproduction de l’acte condamné, mais principalement de rappeler quelle était la puissance du prince, seul habilité à décider du bien et du mal. Atteint dans les fondements de sa légitimité par le forfait accompli, il livrait en place publique un combat contre le criminel – un combat joué d’avance. La crainte du peuple n’était pas seulement un effet de bord, mais bien l’objectif recherché; la cohésion dont faisait preuve la populace lors de ces démonstrations soudaient autour du souverain re-légitimisé, garantissait la pérennité de la soumission de ses sujets.

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Le Satyricon : discours d’Eros pour parler de Thanatos

Il vaut mieux être armé d’un volumineux dictionnaire pour lire la traduction française de Laurent Tailhade du Satyricon. Français vieillit, argot désuet, l’exercice peut s’avérer par moment ingrat, fastidieux, voire décourageant. Ce serait toutefois se priver d’un des rares romans polisson de la Rome antique – le seul ? -, passer à côté d’un trésor d’anecdotes, d’espoirs, de coutumes de cette époque. Car la confrontation d’Eros et de Thanatos, véritables héros du roman, y est poussée à son paroxysme. Il ne fait aucun doute que les pérégrinations d’Encolpe et de son jeune amant Giton, ne sont qu’un prétexte à conter la grande Histoire : celle de l’existence, et de son but.

Tout au long du récit, il est proposé au lecteur de se rendre à des banquets de « nouveaux riches » (des affranchis fortunés), de faire naufrage, de visiter le sud de l’Italie (Crotone, célèbre pour son Pythagore), de visiter les lupanars antiques, d’assister à la superstition vulgaire ou officielle, etc. Les deux fils conducteurs de tous ces évènements sont le sexe et la mort. Encolpe couche avec femmes, hommes et enfant. Tour à tour, il est cocu ou briseur de ménage. Il tangue sur le fil d’une vie dont les règles lui échappent : les évènements guident ses actions, le contrôle sur son destin est inexistant.

L’absence d’un gouvernail est métaphorisée par deux discours, prononcés à des moments-clés du roman : par Trimalchio tout d’abord, qui, à mi-chemin des aventures d’Encolpe, se vante d’être à la tête d’une immense fortune pécuniaire, tout en rappelant que l’essentiel de la vie réside ailleurs. De par sa conduite, le faste ostentatoire qu’il affiche en toute circonstance, la persistance avec laquelle il réitère sans fin combien il est fortuné – bien que ce ne soit pas son but – et enfin son inculture méprisable, en font le pilier central du Satyricon. Là se situe bien souvent l’objectif inavoué d’une existence désordonnée, du sexe à gogo, du pimpant, de la fuite en avant. Trimalchio est tout cela à la foi : ancien esclave, il est l’homme qui a réussi par lui-même, clame-t-il ad nauseum. Marié à une prostituée, il représente le vulgaire, la montée en puissance d’un homme qui ne s’est préoccupé que de plaisirs immédiats et vains. Orgies après orgies, il déclame des vers où le mauvais genre côtoie l’ignorance crasse, insérant des erreurs historiques jusqu’à plus soif. Homme creux s’il en est, son ascension s’est faite sous le signe de la superficialité; ses biens matériels n’ont jamais emplis le néant de son être. Précisément, entre les verbes être et avoir, il a choisi ce second, tout en glosant sans fin sur le premier. Toutefois, la question demeure : face à la mort, comment jouir de l’existence ? D’où la lecture, lors d’une scène truculente à souhait, de son propre testament à une assistance médusée. Si l’affranchi sait qu’il ne pourra profiter de la reconnaissance qui lui est due à sa mort, ne pourra assister aux hommages qui seront rendus à son corps trépassé, autant se vanter de ses largesses planifiées dès maintenant. Ses esclaves et ses amis pourront s’esbaudir de sa charité totalement désintéressée. Trimalchio cherche ainsi à repousser la grande faucheuse, et à profiter de la mort lui vivant; telle est la réponse donnée à mi-chemin du roman – soit de la vie.

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Poids des mots et mots pesants II – C’était pire que prévu

Le précédent article Poids des mots et mots pesants : commentaire à « Risque zéro pour les voleurs? » du Temps a surpris plus d’une personne de mon entourage.

Que dire de celui-ci ? Je reproduis la réponse tout en finesse de M. Miauton :

Monsieur,

Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage… Mes mots que vous jugez blessants ne l’étaient guère en regard de la façon dont vos amis ont injurié la Suisse face à des médias complaisants.

Mais sachez que je suis moi-même née au Maghreb et que le mot « smala » évoque une famille, souvent grande et unie, et que le mot n’est pas péjoratif.
N’avons-nous pas une émission de radio ainsi intitulée ?

Quant au mot transhumance, il est également souvent utilisé pour les humains et l’idée du bétail ne m’a pas effleurée. Auriez-vous l’esprit mal tourné?

Merci toutefois de votre lecture et de votre réaction. Tous les avis comptent.

Sincèrement.

Marie-Hélène Miauton

Choqué par une réponse à l’entrée en matière si révoltante, je me suis empressé de fendre de ceci :

Madame Miauton,

Merci de m’avoir répondu. Même si le ton, les mots utilisés confirment que décidément, nous n’avons rien en commun. Au moins jouez-vous le jeu, et c’est rassurant.

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Poids des mots et mots pesants : commentaire à « Risque zéro pour les voleurs? » du Temps

Un simple mot glissé dans une chronique, et voilà que tout s’effondre. Dans le Temps de ce jour, Marie-Hélène Miauton se fend d’une chronique au vitriol. La chronique, à dire vrai, commençait plutôt bien : remise en question (quelque peu gratuite, mais passons) de l’uniformité des médias, c’est toujours sain et ça de pris sur l’ennemi. Mais la conclusion, sortie de on ne sait où, éclaire sur sur l’origine de son questionnement. Et m’a poussé à lui demander des explications.

L’article, tout d’abord :

Cela fait bien longtemps que nous avons renoncé à administrer la mort aux malfaiteurs et aux assassins, ce qui est juste. Mais ce qui l’est moins, c’est que les médias aient les yeux doux pour un jeune voleur de voitures et la plume acerbe pour le gendarme qui lui a tiré dessus. Par Marie-Hélène Miauton

Le décès, sous les balles d’un gendarme, d’un jeune Français d’origine kurde, prévenu de vol de véhicule, ne satisfait personne. Cela fait bien longtemps que nous avons renoncé à administrer la mort aux malfaiteurs et aux assassins, notre société répugnant au principe «oeil pour oeil, dent pour dent» jugé à juste titre peu civilisé. Il est donc normal qu’une instruction ait lieu pour déterminer le pourquoi et le comment d’un acte qu’on ne saurait banaliser.

Ce qui est moins juste en revanche, c’est que les médias aient les yeux doux pour le voleur et la plume acerbe pour le gendarme. Cette attitude est irresponsable, même si elle intervient dans un monde où l’on veut nous faire croire que les méchants et les gentils ne sont jamais ce qu’ils semblent être, c’est-à-dire que les voleurs sont tous des Robin des Bois et les flics tous des ripoux. Trop facile! En outre, le risque zéro ne saurait exister ni chez les uns ni chez les autres mais, au choix, il serait normal de viser en priorité la survie du policier. Ce n’est malheureusement pas le cas.

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Cygnis, le danger du 25 mars 2010 – NE LISEZ PAS CE QUI SUIT !

Les histoires de malédictions et de fin du monde vous font rire aux éclats ? Moi aussi. Mais autrefois. Jadis, j'étais comme vous : déceler le signe de la fin des temps dans des chiffres, dans des malformations infantiles me fendait le visage d'un sourire invraisemblable. Plus maintenant. Peut-être qu'une telle histoire va paraître chimérique à certains d'entre vous. Dans mon cas, c'est d'ailleurs avec peine qu'elle a pu déchirer le voile quotidien de rationalité dont je me drape. Et…

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L’anti-sionisme : lorsque l’ennemi, c’est soi-même

Quel bonheur que de pouvoir rencontrer des juifs des 4 coins de la planète, à l’origine de divers mouvements anti-sionistes. Des juifs qui ne défendent pas la politique d’Israël, dans des fonctions de pouvoir, c’est peu courant. Voilà de quoi débattre, dépasser les clichés, aller au fond des choses. Refuser l’instrumentalisation de la Shoah telle que pratiquée par le gouvernement israélien, qui en use et abuse, et se l’entendre dire par un survivant des camps de la mort. Il y a pire, comme programme, que celui offert en ce jeudi : « Génocide, mémoire de génocide et racisme aujourd’hui« , avec pour intervenants : Dr. Claire Auzias, docteur en histoire contemporaine; Karl Grünberg, secrétaire général d’ACOR SOS Racisme; le Dr. Haidar Eid réfugié palestinien, membre du comité directeur de la Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël (PACBI); le Dr. Hajo Meyer, qui en 1944, après une année dans la résistance contre les Nazis, fut arrêté et passa dix mois dans le camp d’Auschwitz; ce dernier représentait notamment le Réseau international juif anti-sionisiste. Des intellectuels et des personnes engagées, qui connaissent la réalité du terrain.

Et pourtant. Quelle ne fût pas ma surprise d’être pris pour un juif, en raison de mon refus de la doxa décrétée du soir – Israël reproduit à son tour ce que le IIIe Reich fit subir aux juifs – tirer à vue sur l’Etat d’Israël. Israël, c’est le mal sioniste. Le sionisme serait l’opposé du judaïsme, ce dernier prônant des valeurs d’humanisme, d’universalisme et tant de bonnes choses. Le sionisme, tout au contraire, fait l’apologie de la haine, du nationalisme, du colonialisme. Toute une foule convaincue de la justesse de cette thèse opine du chef 2 heures durant, acquise à l’idée que Israël n’est rien d’autre que le prolongement historique du régime nazi. Que la politique actuelle ressemble à s’y méprendre à l’Allemagne des années 30. La foule est aux anges, atteint le paroxysme de son plaisir, on la brosse dans le sens qu’elle aime. Sans retenue.

C’est donc bien naturellement qu’il fallait remettre la synagogue au milieu du kibboutz. Inconscient du danger, je m’en suis même pris sans état d’âme au survivant, un vrai, un pur, qui n’est jamais sorti primé d’une émission de télé-réalité mais d’Auschwitz. Est-ce qu’avoir été à Auschwitz donne une supériorité morale ? Certes non. Est-ce que le fait d’être un goy m’interdit de m’interroger sur la légitimité de l’anti-sionisme ? Encore moins. Et pourtant, la foule est refroidie, les intervenants offusqués, mon intervention m’a valu une sèche réprimande : ce n’était pas le lieu pour réfléchir, mais celui pour acquiescer.
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