Ça y est, le décor est définitivement posé. Après avoir vainement espéré rester encore quelques temps au pouvoir, le président Moubarak a lâché les reines du pouvoir au pays des Pharaons. Des milliers, des millions d’Égyptiens ont eu sa peau : l’Égypte, à la suite de la Tunisie, souhaite expérimenter la démocratie en terre d’Islam. Je me souviens d’un égyptologue égyptien me racontant il y a quelques années de cela que l’Égypte était fière d’avoir obtenue son indépendance avec Moubarak, soumise qu’elle était à des peuplades étrangères depuis près de 3000 ans. Je réalise combien sa fierté était mal placée : si l’indépendance gouvernementale était effectivement acquise depuis Moubarak, l’indépendance populaire restait, elle, en gestation. L’accouchement tant attendu, avec douleur certes, mais bien en-deçà de ce que nos fantasmes prévoyaient, a eu lieu vendredi 11 février 2011. La renaissance de l’Égypte internationale n’aura été qu’un prélude à la renaissance nationale. L’enfant est robuste, 85 millions d’habitants, il se porte bien et est plein d’espoir; nous attendrons toutefois pour diagnostiquer son avenir encore quelque temps. Mais un avenir, le Peuple égyptien peut en avoir un. Il peut le gâcher, mais ne parlons pas de malheur lors d’un évènement aussi magnifique qu’une mise au monde.
Les Égyptiens ont su saisir leur chance. Inspirés, suivant leur instinct, ils ont saisi une opportunité sur laquelle personne n’aurait misé un sou il y a 4 semaines. Mes félicitations pour leur intelligence, leur courage, leur retenue. Habités par une maturité politique difficile à concevoir pour un peuple soumis à la dictature, ils ont meublé leur révolution alors qu’ils étaient dépourvus de tout matériau. Admiration, joie et respect forment le seul triptyque devant modeler notre vision de l’Égypte en ce jour d’apothéose.
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