Ce que je lis, ce que j’ai lu, ce que je lirai, ce que ne lirai pas. Tout ce qui s’écrit, en fait.

Questionnements éthiques d’Abreuve ta Science sur une Pour une poignée d’ivoire

Dominique Lamiable a formulé quelques questionnements éthiques au sujet de mon livre "Pour une poignée d'ivoire" sur son blog "Abreuve ta science". Je profite de cette occasion pour développer ici une réponse sur certains auto-questionnements figurant dans l'ouvrage. DL: "Ce qui est extrêmement intéressant (et inquiétant...), c’est de voir comment de petites associations d’activistes [...] agissent en dehors de tout réel contrôle ! La vraie question (et l’auteur se la pose bien) c’est, est-ce que parce que l’on estime être…

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Extrait de « Pour une Poigné d’Ivoire »

J'aime les débuts. C'est là que tout se décide. On a la démarche pataude, le verbe peu assuré, et le cerveau ankylosé. On cherche à tromper son monde alors que nos yeux trahissent la peur de l'échec et que l'on cherche vainement à masquer les frissons honteux en ajustant des vêtements devenus trop larges. Mon travail de chasseur de trafiquant d'espèces animales commença avec un rôle d'usurpateur pour lequel je ne semblait vraiment pas taillé. Et pourtant, j'allais par la…

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Sortie du livre « Pour un poignée d’ivoire »

Mon premier livre sort très bientôt ! Quelques informations pour donner envie de lire un ouvrage très personnel, puisqu'il s'agit de mon combat contre le crime organisé d'espèces animales protégées que j'ai mené en Afrique. Ce livre est un message d'espoir à l'attention de tous ceux qui sont découragés par la catastrophe écologique : nous pouvons tous nous engager ! La mégafaune africaine en voie d'extinction 60 pourcent des éléphants de la savane ont disparu en 50 ans. Des sous-espèces…

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Décoloniser l’archéologie: la chapelle Sixtine du Guaviare

L'archéologie occidentale est encore tributaire d'une forme de pensée colonialiste.J'en veux pour exemple le récent article du Guardian, 'Sistine Chapel of the ancients' rock art discovered in remote Amazon forest, repris par les journaux du monde entier. Le site serait si nouveau "qu'il n'aurait même pas de nom", selon les "découvreur explorateurs". L'endroit serait infesté "de crocodiles, serpents et par la guérilla FARC" (avec laquelle il faudrait négocier), ne s'atteignant qu'après de pénibles marches dans la jungles amazonienne. Ce qui…

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Wikileaks: comment accéder au monde paradoxal de la liberté de l’information

Le débat sur la société de l'information connaît un tournant spectaculaire en cette année 2010 : wikileaks restera définitivement comme un site internet qui aura fait bouger les lignes de démarcation entre Etat et presse. Les États-Unis ont laissé fuir une quantité invraisemblable de câbles diplomatiques (plus de 250'000), s'étalant sur la période allant de 1966 à 2010. La correspondance entre les ambassades et Washington a été mise à plat : ce que les diplomates pensent des chefs d'États étrangers,…

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Les 4 (quatre) accords toltèques : la voi(x)e Coelho de l’Amérique centrale

Aime-toi toi-même avant d’aimer ton prochain. Voilà résumés, mais je pense sans raccourci, les 4 accords toltèques tels que présentés par Don Miguel Ruiz Ruiz Don Miguel, Les quatre accords toltèques, Edition Jouvence, 2005. Une sagesse ancienne, que l’on retrouve à peu près dans toutes les cultures. A chacun de trouver sa voie, de suivre sa propre initiation, car toute l’humanité serait « à la recherche de la vérité, de la justice et de la beauté ». D’autres remplaceraient ce triptyque par « force, sagesse et beauté », ce qui revient peu ou prou à la même chose. Ayons l’illumination, suivons la lumière qui nous montre le chemin; Socrate ou un chaman toltèque, après tout, c’est du pareil au même. Le monde visible n’est qu’un reflet de la réalité, aussi bien chez les philosophes socratiques, que pour les chamans toltèques, pour qui la mitote nous empêche de « vivre notre rêve ».

Il y a évidemment beaucoup de bon sens. Passer de l’avoir à l’être, voilà une filiation que ne renieraient pas Jésus, Bouddha ou Zarathoustra. On ne peut que se retrouver autour de tels objectifs : apprendre, grandir, expérimenter, ne pas souffrir. Faire le bien : voilà qui relie les 5 continents, du nord au sud. Mais il existe deux pôles d’influences et de méthodes pour appréhender ce parcours initiatique : la manière philosophique, et la manière religieuse. La première est plus ardue, une pente qui ne fait que se répéter à l’infini. C’est le chemin qui compte. A l’inverse, la version religieuse vous donne clés en main les solutions. Car il suffit de « vouloir » pour pouvoir. La volonté abat les montagnes. Nous avons tous en nous le pouvoir d’un dieu : le rêve américain dans toute sa splendeur.

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Michel Foucault « Surveiller et punir », ou la prison normalisatrice : une allégorie sociétale

Souvenez-vous : il y a 35 ans, Foucault s’en prenait à l’univers carcéral. Incapable de répondre aux attentes des politiciens, de la société ou des prisonniers eux-mêmes, la prison française était victime de la révolte de ses occupants, du défaitisme politique et de l’incompréhension du grand public. C’était 6 ans avant l’abrogation de la peine de mort (et donc de l’adhésion pleine et entière à la prison comme seule réponse à la délinquance), mais aussi 150 ans après ses premiers essais à grande échelle en Hexagone. Foucault écrivait alors que rien n’était vraiment nouveau, que les problèmes de l’univers carcéral étaient structurels, presque ontologiques à la prison; pour preuve, presque 4 décennies plus tard, les questions sont rigoureusement les mêmes, et les réponses aussi – comprendre, inexistantes. La seule différence, c’est que l’emprisonnement – la privation de liberté – comme riposte à l’illégalité pénale s’est encore plus engoncée dans ses certitudes, à peine effleurée par les complications endémiques que sont la criminalisation des petits délinquants et de la surpopulation des établissements pénitentiaires; rien, ou presque, n’a changé en deux siècles, les attentes contradictoires sur ce que doit être la prison sont rigoureusement identiques, et les échecs tout aussi patents.

Dans son « Surveiller et punir » de 1975, Michel Foucault ouvre la réflexion sur l’artifice du supplice : grand déballage qu’on qualifierait aujourd’hui « d’évènement médiatique », les scènes de tortures n’avaient pas pour objectif – selon le philosophe – de décourager seulement la reproduction de l’acte condamné, mais principalement de rappeler quelle était la puissance du prince, seul habilité à décider du bien et du mal. Atteint dans les fondements de sa légitimité par le forfait accompli, il livrait en place publique un combat contre le criminel – un combat joué d’avance. La crainte du peuple n’était pas seulement un effet de bord, mais bien l’objectif recherché; la cohésion dont faisait preuve la populace lors de ces démonstrations soudaient autour du souverain re-légitimisé, garantissait la pérennité de la soumission de ses sujets.

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Le Satyricon : discours d’Eros pour parler de Thanatos

Il vaut mieux être armé d’un volumineux dictionnaire pour lire la traduction française de Laurent Tailhade du Satyricon. Français vieillit, argot désuet, l’exercice peut s’avérer par moment ingrat, fastidieux, voire décourageant. Ce serait toutefois se priver d’un des rares romans polisson de la Rome antique – le seul ? -, passer à côté d’un trésor d’anecdotes, d’espoirs, de coutumes de cette époque. Car la confrontation d’Eros et de Thanatos, véritables héros du roman, y est poussée à son paroxysme. Il ne fait aucun doute que les pérégrinations d’Encolpe et de son jeune amant Giton, ne sont qu’un prétexte à conter la grande Histoire : celle de l’existence, et de son but.

Tout au long du récit, il est proposé au lecteur de se rendre à des banquets de « nouveaux riches » (des affranchis fortunés), de faire naufrage, de visiter le sud de l’Italie (Crotone, célèbre pour son Pythagore), de visiter les lupanars antiques, d’assister à la superstition vulgaire ou officielle, etc. Les deux fils conducteurs de tous ces évènements sont le sexe et la mort. Encolpe couche avec femmes, hommes et enfant. Tour à tour, il est cocu ou briseur de ménage. Il tangue sur le fil d’une vie dont les règles lui échappent : les évènements guident ses actions, le contrôle sur son destin est inexistant.

L’absence d’un gouvernail est métaphorisée par deux discours, prononcés à des moments-clés du roman : par Trimalchio tout d’abord, qui, à mi-chemin des aventures d’Encolpe, se vante d’être à la tête d’une immense fortune pécuniaire, tout en rappelant que l’essentiel de la vie réside ailleurs. De par sa conduite, le faste ostentatoire qu’il affiche en toute circonstance, la persistance avec laquelle il réitère sans fin combien il est fortuné – bien que ce ne soit pas son but – et enfin son inculture méprisable, en font le pilier central du Satyricon. Là se situe bien souvent l’objectif inavoué d’une existence désordonnée, du sexe à gogo, du pimpant, de la fuite en avant. Trimalchio est tout cela à la foi : ancien esclave, il est l’homme qui a réussi par lui-même, clame-t-il ad nauseum. Marié à une prostituée, il représente le vulgaire, la montée en puissance d’un homme qui ne s’est préoccupé que de plaisirs immédiats et vains. Orgies après orgies, il déclame des vers où le mauvais genre côtoie l’ignorance crasse, insérant des erreurs historiques jusqu’à plus soif. Homme creux s’il en est, son ascension s’est faite sous le signe de la superficialité; ses biens matériels n’ont jamais emplis le néant de son être. Précisément, entre les verbes être et avoir, il a choisi ce second, tout en glosant sans fin sur le premier. Toutefois, la question demeure : face à la mort, comment jouir de l’existence ? D’où la lecture, lors d’une scène truculente à souhait, de son propre testament à une assistance médusée. Si l’affranchi sait qu’il ne pourra profiter de la reconnaissance qui lui est due à sa mort, ne pourra assister aux hommages qui seront rendus à son corps trépassé, autant se vanter de ses largesses planifiées dès maintenant. Ses esclaves et ses amis pourront s’esbaudir de sa charité totalement désintéressée. Trimalchio cherche ainsi à repousser la grande faucheuse, et à profiter de la mort lui vivant; telle est la réponse donnée à mi-chemin du roman – soit de la vie.

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