Que celui qui ne s’occupe pas de politique se rassure : cette dernière finira bien par s’occuper de lui.

Si les Russes veulent l’autocratie, qu’ils l’aient – entre stéréotypes et réalités

A un journaliste français qui lui demanda si en éradiquant le terrorisme tchétchène, il ne risquait pas d'éradiquer la population tchétchène elle-même, Vladimir Poutine répondit "si vous voulez devenir un islamiste radical et êtes prêt à vous faire circoncire, je vous invite à Moscou. Nous avons un pays multi-confessionnel, nous avons des spécialistes de cette question et je vous recommande de pratiquer cette opération de façon à ce que rien ne repousse". Cela se passait lors d'un sommet Union européenne-Russie…

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La Chine tombe dans le piège des droits de l’homme

Les Etats-Unis viennent, bien malgré eux, de tendre un piège magistral à la Chine. Condolezza Rice, en abaissant d'un niveau la catégorie de violeur des droits de l'homme de l'Empire du Milieu, a provoqué une réaction de ce dernier en deux temps : ce fut d'abord sur la défensive que la Chine rétorqua ne pas commettre de violations, puis il fit place à l'attaque : les USA seraient eux-mêmes des violeurs de ces mêmes droits. Alors que la naissance du…

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Le chasseur de dictateur – the dictator hunter

Reed Brody n’est assurément pas un homme comme les autres. Pourquoi ? On le surnomme le « chasseur de dictateurs ». Porte-parole de Human Rights Watch (HRW), il a traqué des années durant Hissène Habré, ancien dictateur tchadien. Pour le troisième jour du 6ème festival du film sur les droits humains, la moitié de la journée lui a été directement ou indirectement consacrée. Deux films ont ainsi été proposés, suivis de débats.

Le premier film, qui lui est nommément consacré, the dictator hunter, a un côté hollywoodien dérangeant. Assez peu de place est donnée aux victimes de Habré, et Brody y fait l’objet d’un culte quelque peu dérangeant pour un homme qui se veut avant tout un outil actionné par la défense. On y découvre comment il a mis sa vie personnelle de côté des années durant et quelle souffrance anime les victimes et leurs proches de cette dictature longue de 8 ans (de 1982 à 1990). Un travail de longue haleine, qu’il poursuit malgré les déconvenues uniquement pour éviter l’oubli. Car depuis plusieurs années, l’ancien président a trouvé refuge au Sénégal, dans une confortable villa d’où il peut toiser sans remords ses anciens citoyens venus lui demander de rendre des comptes.

Comme l’explique Brady, « tuez une personne, et vous êtes accusé de meurtre. Tuez-en 40, et vous êtes interné dans un asile. Déchaînez la violence et assassinez-en 40’000, et vous voilà à l’abri de représailles ». Jusqu’à Brady, aucun ancien dirigeant africain n’avait été traduit en justice. L’impunité des crimes dictatoriaux semble totale; le seul dirigeant qui aurait pu faire l’objet d’une accusation, Slobodan Milosevic, est mort dans les geôles de La Haye. Le courage de cet homme pourrait faire basculer cette coutume : l’Union africaine (UA) a décidé, il y a un an et demi, sous la pression des activistes des droits de l’homme de juger son ancien membre au Sénégal. Au Tchad, le procès n’aurait pu avoir lieu. Et établir le tribunal en Belgique, pays d’où a été activée la procédure à l’origine, serait politiquement problématique, puisque les dirigeants africains actuels ont le sentiment qu’il s’agit d’une affaire africaine. On préfère laver le linge sale en famille.

Malgré cette fantastique réussite, Hissène Habré n’a pas été jugé en 18 mois. L’instruction n’a même pas démarrée. Des signaux contradictoires sont émis pas ceux-là même qu’hier, s’engageaient personnellement à faire triompher la justice. Idriss Déby, « président » depuis sa chute, perçoit le risque qu’il peut y avoir à demander aux dictateurs répondre de leurs actes. Et c’est là le coeur du problème : comment juger un dictateur, sur un continent où la démocratie est un voeux pieu ?
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La montée du populisme en Europe : la gauche s’autocongratule

Pour ouvrir le Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH), et prolongeant la diffusion du film La machine populiste (Jean-Pierre Krief, 2007), un débat était organisé ce vendredi 7 mars autour de la montée des populismes sur le Vieux continent. Une semaine de films consacrés aux droits de l’homme, le festival est résolument engagé, et contient une affiche des plus prometteuses : Carmen Castillo, Oskana Chelysheva, Aye Chang Naing, pour ne présenter que la devanture. Alléchant, car la qualité est épaulée par la quantité de courts, moyens et longs métrages, de films et de documentaires. On se dit, au moins sur le papier, qu’on va apprendre bien des choses. Mais est-ce le cas ?

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Ca commence mal. Le documentaire La machine populiste est un affront fait à l’intelligence des spectateurs. Un pamphlet sans créativité qui, sous prétexte de dénoncer les idées populistes de l’extrême droite, a une forme insupportable et un fond inexistant. Durant 52 minutes, on attend un argument. Une enquête. Une information. Autre chose que des gros plans suggestifs et subjectifs des leaders honnis par une assemblée soucieuse des droits humains, des images baignant dans une musique suffisamment noire pour bien faire comprendre au spectateur que c’est le mal incarné qui est à l’écran. Ralentis, discours coupés à la seconde près, aucun recul, on se croirait pris dans la tourmente d’un quelconque film de propagande de l’ancienne RDA. Le rideau se ferme, le calvaire prend fin, la prise d’otage est terminée : le public est enfin libre de penser ce qu’il veut, la chape de plomb se lève. Le sens critique refait surface.
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Obama et la continuité de la politique US; révolution programmée ?

Obama est certainement ce qui arrive de mieux aux USA depuis Kennedy. Un souffle d’air frais, une intelligence réellement idéale et non de circonstance uniquement, une empathie qu’on avait jamais vu parmi les politiciens de ces cinquante dernières années. Diplômé en relations internationales et en droit, il a su marier ses années d’éducation avec un militantisme tout d’abord éloigné des querelles politiques. Il est atypique dans l’univers politique étasunien; mais est-ce pour autant qu’un homme seul peut changer un pays tout entier ?

En matière de direction d’un Etat, la démocratie a tendance à placer des espoirs bien trop élevés sur ses dirigeants. Les attentes dépassent la marge de manoeuvre d’un leader politique, soumis à des contraintes invisibles; un homme politique, même élu, doit composer avec la situation crée par son (ses) prédécesseur(s), un contexte économique (et les moyens hérités de celui-ci), des alliances de circonstances, les promesses lancées durant sa campagnes, l’état des relations avec ses partenaires, etc. C’est pourquoi, à l’arrivée, l’électeur est parfois déçu du résultat, il ne comprend pas le décalage entre la volonté affirmer de procéder à des réformes, et le peu d’action entreprises par celui-là même qu’il a élu.

Ainsi, on a tendance à user de ce lieu commun du « ils sont tous pareils », prélude à un « tous des pourris ». Cela pour bien souligner que la classe politique, dans son ensemble, est peu courageuse, et qu’à droite comme à gauche, le statu quo est privilégié. Bonnet blanc ou blanc bonnet, au nom du réalisme, on approche les relations internationales comme une longue suite d’évènements qui se répètent plutôt que comme des ruptures. Et très souvent, c’est à juste titre, les réformes étant par définition plus hasardeuses que le statu quo; dans le premier cas, qui en dehors des devins serait à même de prédire avec certitude les résultats ?
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Le monde selon Monsanto

Reportage d'une rare qualité, Le monde selon Monsanto est une réalisation de Marie-Monique Robin. Si de prime abord on n'est que peut intéressé par le fond (encore un reportage sur le grand satan ?) ou par la forme (des recherches sur google ?), le documentaire se révèle être d'une qualité rarement atteinte sur le sujet. Tout d'abord, il est extrêmement factuel : loin d'une attaque idéologique seule (qui se justifie, mais dont on se lasse, à force), M.-M. Robin explore…

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John McCain, the international relations expert

La course à la présidentielle étasunienne bat sont plein, et les augures sont plus indécis que jamais; Obama et Clinton pour les démocrates, McCain, Romney et Huckabee pour les républicains. Avec un léger avantage pour Clinton chez les « bleus », et un avantage conséquent pour McCain chez les « rouges ».

On nous présente ces élections comme celles du changement : les USA en ont soif, et les 3 candidats qui sont le plus en avance sur la course à l’investiture seraient Obama, Clinton et McCain. Tous les trois, à leur façon, représenteraient une fracture avec l’ère Bush, sur le point de s’achever.

En dehors de la saine naïveté qu’il y a de croire à ce genre de rupture radicale, qui pourrait toutefois être à la mesure du tremblement de terre provoqué par l’arrivée de Zapatero et la défaite de son rival Aznar, il convient rappeler qui est McCain : le plus expérimenté en politique des trois candidats, fin connaisseur des relations internationales, modéré, volà comment on nous le présente. Vraiment ?

Une petite vidéo pour nous rafraîchir la mémoire, montrant un McCain pas si fin qu’on veut bien le croire, où l’on se demande où est passé sa diplomatie fruit d’une expérience plusieurs fois décennale :
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Rappels élémentaires sur les institutions démocratiques – la démocratie en Suisse, c’est aussi le parlement

La démocratie foulée au pieds en Suisse ? Mon oeil !

Le 7ème membre de l’équipe composant le cabinet ministériel suisse est désormais connu : Mme Wider-Schlumpf, qui ne s’attendait décidément pas à tant d’honneur. Elle a accepté la double charge de Conseillère fédérale, et de cheval de Troie potentiel infiltré dans le parti dont elle est issue, l’Union démocratique du centre (UDC, extrême droite suisse).

Les commentaires sans grande classe, émanant d’un parti éméché par la défaite, ont dénoncé le manque de conformité avec les règles démocratiques, et le peu de cas fait de la souveraineté populaire. Au-delà des déclarations émotionnelles, somme toute compréhensible pour un parti qui subit l’une des plus grandes défaites de ces deux dernières décennies, peut-on parler de parlementaires irresponsables et indifférents au choix des électeurs ? Assurément non, et nous allons voir pourquoi.
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