Sur la réponse à Julien, je relèverai juste le "ces gens sont bien souvent d'éterneles insatisfait dans nos sociétés d'aujourd'hui", histoire de continuer à démontrer que tu ne comprends PAS ce qu'il se passe en France. Que tu ne vois pas le lien entre les manifestations sociales des banlieues de novembre, et celle d'aujourd'hui. Qu'il ne s'agit pas de se battre contre la privatisation de la CGN, ou que sais-je. Que ces "éternels insatisfaits" ont peur de l'avenir, un avenir dans lequel ils ne se retrouvent pas. Qu'une société aux clivages économiques et sociaux de plus en plus marquée ne leur convient pas. Pour les étudiants de la Sorbonne, ta cécité serait le résultat de ton appartenance à une classe dominante. Ce serait oublier d'où vient Marx... ce qui ne m'aide pas à comprendre pourquoi tu refuses d'écrire, noir sur blanc : "je comprends ces manifs. Je comprends les soucis exprimés. Non, le projet de société proposé aujourd'hui ne convient plus à la jeunesse". Que tu penses que le CPE puisse améliorer la situation économique de la France, je ne te le discute pas. Je trouve moi-même le marché du travail un peu trop rigide, ce qui remarque, n'a jamais prétérité le pays à la plus haute productivité au monde. Passons ; non, ce qui continue de m'étonner, c'est le dédain que tu t'obstines à éprouver pour les manifestations populaires.
Ensuite, sur la motivation du licenciement (qui d'ailleurs n'existe pas en Suisse), je comprends. Mais pourquoi dois-je l'apprendre sur un blog ? Villepin a-t-il fait un effort didactique, l'a-t-il expliqué aux partenaires ? Je ne parle pas de maintenant, où chaque camp s'est retranché dans un jusqu'au-boutisme incontrôlable, mais encore une fois, en *amont* ? Car tu ne me réponds pas sur les problèmes de communications récurrents. Si le marché de l'emploi est rigide, l'expression démocratique (vu de Suisse) l'est d'autant plus. Et l'impression d'être écouté, de compter dans la marche du pays, permettrait certainement une plus grande confiance et la création de plus d'emploi qu'un CPE inutile et timide.
Au sujet de la "perte" du secteur industriel, puisque nous sommes d'accord, j'aimerais juste revenir sur les bas salaires. Parce que les working poors, n'en déplaise à une personne qui exècre fondamentalement la mentalité étasunienne, c'est une importation des USA (enfin, je te l'accorde, de Thatcher aussi, qui a joué pleinement son rôle).
1/ Les boulots de working poors ne sont pas valorisants ; travailler des mois, des années, à faire un job de merde, pour un salaire qui ne te permet pas de subvenir aux besoin de ta famille, c'est démoralisant, c'est humiliant. Et plus cette situation perdure, plus l'individu s'en veut (et in extenso, en veut à la société toute entière).
2/ Les boulots de working poors ne sont pas rentables ; pour le travailleur en premier lieu (sinon, il ne serait pas pauvre, n'est-ce pas), et pour l'employeur, qui ne peut que très peu attendre de son employé. Ce dernier aspect est à relativiser toutefois, puisque la "manne" de travailleurs bon marché finit toujours par se développer, et la concurrence entre ces travailleurs permet à l'employeur de presser encore plus des personnes souvent déjà fragiles (économiquement, socialement, psychiquement, etc.).
3/ Les boulots de working poors tuent tout espoir d'ascenseur social ; entre le cumul des jobs (et le peu de temps qu'il te reste à disposition pour chercher autre chose) et la démotivation qui s'ensuit immanquablement pour l'individu, tu deviens working poors et tu le restes.
Alors je ne sais pas si ce sont les clichés des films US où l'on voit le jeune loup de 20 ans commencer comme stagiaire non payé pour un apprentissage d'aide-assistant coursier devenir PDG à force de volonté et pugnacité, mais dans la vie réelle et vraie, les working poors sont une réalité anglo-saxonne, dont le nombre va croissant année après année. Le PIB monte aussi bien aux USA qu'en Grande-Bretagne, les chiffres du chômage restent relativement bas, et les working poors augmentent. Je ne vois pas en quoi il y a réussite, exemple à suivre. Il est sûr que pour les investisseurs, l'image de ces deux pays est très bonne ; tout comme celle de la Chine, où l'on n'a presque plus besoin de payer de charges sociales.
Alors oui, souffrir quand il s'agit de défendre des grands principes et qu'on a raison comme c'était le cas pour l'invasion de l'Irak, mais pas quand il s'agit d'appliquer le droit légal et légitime.
Dans ma vision de la création du droit, le fait précède le droit. Donc quand quelque chose ne fonctionne pas, c'est qu'il manque justement des règles de droits. Je ne reviendrai pas sur le besoin français de réformer ses institutions, avant même de s'attaquer au marché du travail.
Tu as pris mon attaque personnelle (qui en était effectivement une, je t'ai trouvé extrêmement gonflé) dans un mauvais sens. Je suis pleinement conscient que c'est par choix que tu as décidé de travailler, et en cela tu restes fidèle à tes valeurs. Mais la direction que prenait mon attaque reposait sur le fait tu ne peux pas juger, toi, qui n'as justement pas besoin de ce boulot pour vivre, de ce que c'est que de dépendre d'un tel travail. Ce n'est donc évidemment pas ta condition, ton origine, ta culture ou tes amis que j'attaquais. Si je combat la discrimination, les raccourcis faciles, les présomptions de culpabilité, ça concerne tous les milieux sociaux, et pas seulement ceux qui me font envie. En cela d'ailleurs tu es assez représentatif, puisque le cliché "bon milieu social, donc glandeur" est méchamment pris en défaut avec toi. D'ailleurs, on se connaît trop bien pour que je pense ce genre de conneries ; non, c'est ton impossibilité matérielle (enfin, je crois qu'il y a aussi un manque d'envie) à te mettre dans la peau d'une personne qui n'a que des jobs misérables pour survivre. Une espèce qui se reproduit abondamment en ce moment, et que je n'aime pas que l'on chasse comme des nuisibles. Mêmes si ils manifestent...
Je vois aussi qu'ils ne se plaignent pas, même si c'est parfois dur et surtout très fatiguant. Il ne faut pas avoir peur de dire qu'en France il y a des gens (qui ne sont pas aussi peu nombreux qu'on veut bien le croire) qui préfèrent toucher les allocations chômage et autres plutôt que d'aller travailler, et je peux les comprendre, la différence entre le SMIC et ces allocs est minime, donc pourquoi se faire chier à se lever. C'est aussi pour cela qu'il faut baisser les charges, que les bas salaires souffrent moins et que par conséquent le travailleur touche plus et ait réellement envi de bosser.
De un, quelque soit le système, des parasites existeront. Social, culturel, économique, l'homme étant ce qu'il est – imparfait – il fait preuve d'une grande ingéniosité pour blouser le système. Mais la proportion est de par mon expérience – sociale suisse – négligeable, ne nécessitant qu'un dédain affirmé. Peut-être la situation est-elle différente en France concernant le chômage, je ne sais pas, je n'ai jamais lu d'enquête chiffrée sur le sujet. De deux, baisser les charges sociales, je te suis totalement. Mais il faut pour cela, dans la lancée, monter les charges sociales sur les salaires élevés ; je sais que de lire cela doit te hérisser le poil, mais tu ne peux pas en même temps maintenir des rentes de vieillesse avec une population active qui se réduit, et des retraités à chaque fois plus nombreux. A moins d'une croissance hors norme, que les Etats occidentaux ne sont pas prêt de retrouver (heureusement pour les écologistes, d'ailleurs).
Donc oui, baissons les charges sociales pour les travailleurs peu qualifiés, pour ceux qui en ont le plus besoins. Mais ça m'étonnerait qu'on se retrouve là-dessus, puisqu'on en a d'abord déjà discuté, et ensuite parce que c'est quand même ce qui différencie les hommes de droite et de gauche : l'égalisation matérielle.
Il est bon aussi de rappeler que la gauche avait touché le fond de la précarité avec les emplois jeunes: Un contrat d'un an, renouvelable 5 fois, ne donnant droit ni à une indemnité chômage ni à une formation, et dont le financement n'était même pas assuré. Soit bien pire que le CPE. Mais à cette époque là, bien sûr, il n'y avait personne pour descendre dans la rue...
Bon, je dois avouer deux choses : je ne me rappelle que vaguement de cette histoire d'emplois-jeunes dont la gauche française continue à se gausser, donc je ne pourrai pas dire grandchose d'intelligent sur le sujet. Et deuxièmement, je ne comprends pas ton raisonnement : il n'y avait pas de manifestants dans la rue ? Et tu t'en offusques ? Et si les gouvernants de l'époque avaient été plus à l'écoute de la population, s'étaient concertés avec les partenaires, contrairement à ce qu'il s'est passé pour le CPE ? Enfin, je ne comprends pas trop la critique que tu places à la gauche, pour le coup...
Alors que je comprends très bien, au contraire, le reproche fait au manque de concertation sur les 35h, puisque Aubry l'a fait souverainement, comme Villepin aujourd'hui. Je crois me souvenir aussi que les manifestations, notamment des hôpitaux, avaient été conséquentes ; que le ministre soit de gauche ou de droite, sa façon d'agir, d'être, est suivie de conséquences naturelles. Cela dit, je pense que Aubry n'aurait de toute façon aucune chance de faire passer sa loi autrement, et comme c'était une bonne loi, créatrice d'emploi, je n'y vois rien de mal. Enfin, on ne va pas déborder dans les 35h, c'est déjà assez compliqué comme ça, non ? )
Car oui, il y a un malaise en France, il vient du fait que les jeunes savent que leur avenir déchantera... Pour citer Barroso: "Tout le monde sait que l'on vivra avec moins de garanties, moins d'acquis, moins de bonheur que les générations précédentes", acceptons le enfin, comme l'ont fait nos voisins, en attendant des périodes meilleures.
Bien sûr, mais qui recherche à construire une période meilleures ? Les conservateurs ou les progressistes ? (Sans vouloir, encore une fois, légitimer outre mesure ces manifs).
Bon, je te (je vous) propose de passer sur le forum, qui est certainement plus approprié à de longues réponses, de longues enfilades, pour laisser de petites réponses assassines et courtes venir sur le blog.