L’information en Birmanie, un pari de Claude Schauli

« En refusant l'assistance internationale en 2008 et pour imposer sa politique en Birmanie, la junte au pouvoir a peut-être tué 100'000 personnes ». Un constat froid que nous livre Claude Schauli, producteur et réalisateur, auteur de plus de 200 reportages, qui s'intéresse à la Birmanie depuis 34 ans, et lutte pour révéler les exactions du régime militaire. Fort de sa longue pratique, il réalise « Birmanie, de la révolte au chaos »; un documentaire dont la sortie n'allait pas…

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L’Iran, un leader en devenir sur la scène internationale

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad occupe sans cesse une place d'importance dans les médias depuis son arrivée au pouvoir en 2005. Il est vrai que l'Iran est une préoccupation majeur de ce début de siècle, avec le développement de ses capacités nucléaires. D'autre part, son irrespect des principes fondamentaux liés aux droits humains est révoltant. Plus encore, ses crises économiques et alimentaires à répétition voue une partie de sa population à la pauvreté et la malnutrition. Il n'empêche : si…

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La pensée révolutionnaire d’Evhémère au IIIe s. avant notre ère

Bien avant les tentatives de rationalisation occidentales qui aboutiront à l’athéisme et l’agnosticisme, la Grèce antique procède à sa propre destruction de mythes et légende au IIIe siècle avant J.-C. Avec un souci d’observation qu’il ne faudrait toutefois pas, dans un élan d’anachronisme, mélanger avec la pensée scientifique moderne européenne, Evhémère, mythographe grec, cristallise aux alentours de -300, dans son oeuvre l’Ecriture sacrée, une pensée embryonnaire qui survivra à la chute de l’empire romain et traversera tout le Moyen Age : l’idée que les dieux ne sont que des hommes.

Ses écrits ne nous sont parvenus que de seconde, ou plutôt tierce main; traduit du grec vers le latin par le poète Ennius, la survivance de ses thèses ne nous sont dues qu’à Lactance, qui cite abondamment la traduction d’Ennius. Ce qui suffit toutefois pour retranscrire sa théorie : les dieux sont des hommes au destin élevé, des rois qui ont permis à leur peuplade de se former et se maintenir en société. De se civiliser. Et parce qu’ils ont amené les bienfaits de la civilisation ils seront, à leur mort, déifiés. Sorte de gratification pour biens rendus, la déification n’empêche pas Evhémère d’affirmer pouvoir citer les lieux où sont enterrés les « dieux ». Zeus (Jupiter pour les Romains), qui aurait mené la guerre contre les Titans, aboli le cannibalisme, aurait été brûlé et enterré à sa mort à Cnossos, en Crète. Ou encore, Aphrodite aurait été une simple courtisane. On le voit bien, son postulat est révolutionnaire; bien qu’Evhémère cite des prédécesseurs, tel que Hécatée d’Abdera qui lui s’intéressa dans une certaine mesure aux mythes des dieux égyptiens, aucun n’était allé aussi loin dans la démythification du panthéon grec. Il faut noter ici que le contexte dans lequel évolue le mythographe est particulier : il voit de ses yeux le processus de divinisation d’Alexandre le Grand, le plus grand conquérant que la Grèce antique n’ait jamais connu. Lui, qui sait bien qu’Alexandre de Macédoine n’était qu’un homme, assiste de son vivant, à la transformation de l’homme en dieu; il est certain que cette déification a eu une influence sur sa façon d’envisager l’Olympe des dieux.

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Imprescriptiblité des actes pédo-pornographiques : le triomphe de la démocratie kitsch

La démocratie suisse, l’une des plus avancée au monde en ce qui concerne les prérogatives accordées au peuple, a encore donné la parole au pouvoir de la victimisation : hier, 30 novembre, l’initiative populaire concernant l’imprescriptibilité des actes pédo-pornographiques a été acceptée. De justesse, mais il faut noter que l’association de la Marche blanche a fait campagne contre la quasi totalité des acteurs politiques du pays, sans beaucoup de moyens, face à des médias plutôt hostiles. Malgré cela, il n’est que peu de régions qui l’aient refusé, les Helvètes ayant troqué leur sens critique contre un « accord catégorique sur l’horreur que représente la pédophilie ». Les anciens grecs avertissaient déjà : une démocratie sans garde-fous, c’est une démocratie victime des modes, des sentiments, où l’irrationnel est roi. Depuis hier, la Suisse doit se doter d’un arsenal législatif rendant possible la poursuite d’un acte à caractère sexuel sans contrainte de temps. A 60 ans, poursuivre son père ou sa mère de 90 ans sera désormais possible.

C’est le règne de l’irrationnel, car il était impossible de s’opposer de manière argumentée aux défenseurs des victimes de tels actes. Y a-t-il vraiment parmi les Suisses des gens qui souhaitent voir les abuseurs d’enfants épancher en toute quiétude leurs déviances ? Bien sûr que non. Raison pour laquelle le Conseil fédéral (l’exécutif suisse) avait pris les devants et proposé une limite d’âge pour déclencher de telles poursuites : 33 ans. Un âge arbitraire, certes, mais lorsqu’on imagine les difficultés qui peuvent surgir lors de la collecte des preuves et témoignages dans une affaire qui se serait produite au minimum 15 ans auparavant, la plafond semble raisonnable. Mais en face des différents arguments, il existe le kitsch : une émotion à la force irrésistible, qui emporte tout sur son passage. Une émotion unanime qui, vantant la douleur des victimes, ne fait pas cas de la rationalité ou de l’intérêt général. Ou bien vous êtes avec nous, ou bien vous êtes contre nous; il faut choisir son camp.
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Economie: l’Etat est de retour. Ah bon, il était parti ?

A en croire les économistes qui font volte-face sans tabou depuis le mois septembre 2008, les règles du jeu national, voire internationale vont s’en retrouver changées. L’Etat, longtemps absent grâce au consensus néo-libéral regano-thatchérien de la fin des années 70 – début 80, va réimposer des règles et même une morale à ses citoyens. Terminé le désengagement et le laisser-faire, voici venu à nouveau le temps des politiques keynésiennes (investissement de l’Etat dans l’économie) et du grossissement étatique propre aux périodes de crises. L’Etat va enfler, se boursouffler sous les nouvelles tâches; mais le régime alimentaire de ces dernières années était-il vraiment si frugal ? Ou au contraire, n’est-ce qu’une obésité plus prononcée qui se profile à l’horizon ?
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In the Name of the King: A Dungeon Siege Tale

Peut-on être de mauvais goût et insipide à la fois ? Cela n'a aucun sens, pas vrai ? Ca tombe bien, car la dernière oeuvre d'Uwe Boll, défiant toute logique, réussit un tel exploit . Uwe qui ? Mais si, allons, Uwe Boll, c'est BloodRayne (1,2,3 et bientôt 36, pourquoi pas) Alone in the Dark, House of the Dead, Postal , ou encore Far Cry qui sort cette année 2008. Un réalisateur boulimique de travail, qui tourne avec la cadence…

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Milan Kundera, ses accusations et son oeuvre

Ceux qui me connaissent savent à quel point Milan Kundera est un romancier que je respecte. Devant le torrent de critiques auquel je dois faire face, il me semblait justifier de clarifier ma position à son égard. C’est que les attaques se multiplient depuis lundi.

Car je suis partagé entre deux sentiments contradictoires : la défense irraisonné et déraisonnable d’un intellectuel, un mentor que je j’admire, et le simple j’m’en-foutisme.

Je voudrais bien le défendre, simplement parce qu’il m’a fait beaucoup évoluer, mais en vérité, je ne sais pas de quoi il en retourne. En effet, quelle foi accorder à des archives de la police secrète tchèque ? Pourquoi ne l’a-t-on pas sali, alors qu’une telle attaque aurait trouvé parfaitement sa place dans le contexte de la guerre froide, lorsque l’Ouest brandissait ce type d’intellectuel en héraut de la démocratie pour dénoncer la barbarie du régime communiste ? A la suspicion, je réponds par la suspicion.
Par ailleurs, je m’interroge sur le traitement de cette information : en raison de la stature de Kundera, il devrait être coupable jusqu’à preuve du contraire, n’importe quelle accusation devrait être acceptée ? Il a le droit, en cas de procès, de se défendre. A demander que des preuves tangibles soient produites, autres que des noms et des dates sur un papier émanant des services de police d’un pays qui cultivaient le mensonge et la trahison à son plus haut niveau. Si demain, je déclare posséder des documents prouvant l’implication de, au hasard, Jacques Attali dans une, au hasard toujours, vente d’armes en Afrique, il me fera un procès en diffamation. Et je serai sommé de prouver sa culpabilité, le fardeau de la preuve m’incombant. C’est ainsi que notre système fonctionne, et c’est tant mieux. Sous prétexte qu’il s’agit de Milan Kundera, il serait justifié de lui appliquer un traitement digne d’un époque qu’il n’a cessé de dénoncer à travers ses écrits ? Très peu pour moi.
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Il est anticonstitutionnel d’interdire de fumer dans les lieux publics à Genève

Depuis le 1er juillet de cette année, les terrasses étaient plus bondées que d’habitude dans la petite ville du bout du lac; la météo était plus ensoleillée que de coutume, assurément, mais l’entrée en vigueur d’un loi interdisant de fumer dans les lieux publics est venue renforcer cette habitude saisonnière. Or, le Tribunal fédéral a rendu aujourd’hui une décision inattendue : l’initiative populaire interdisant la fumée dans tous les lieux publics a été invalidée. Il est autorisé, dès aujourd’hui et avec effet rétroactif, de fumer dans les restaurants, les bars, les discothèques. Coup de tonnerre. MM. Amaudruz, Yagchi, et Pardo, qui ont recouru contre la loi jusque-là en vigueur, se moquent de la volonté de presque 80 % des citoyens genevois. Enfin, c’est ainsi que l’on retiendra l’histoire. Ou peut-être pas.

Illustration de cigaretteIl est difficilement compréhensible que l’organe chargé de veiller à la constitutionnalité des lois, déclare qu’interdire de fumer soit anticonstitutionnel. Le goudron et la nicotine, un droit garanti par le papier le plus sacré de notre édifice ? Que nenni, il ne s’agit en rien de cela, ne brûlons pas encore nos manuscrits sacrés, emportés par notre guerre contre les fumeurs. Si acte illégal il y a eu, il ne réside pas dans le fait se lancer dans une chasse à l’intoxiqués, mais dans le mode d’adoption de la loi : c’est le Conseil d’Etat (l’exécutif) qui a légiféré, au lieu du Grand Conseil (le législatif). Cette seule règle constitutionnelle, pierre angulaire de la séparation des pouvoirs, a été bafouée. L’exécutif, sous la houlette d’un politicien zélé, s’est laissé emporté par l’enthousiasme et arrogé des droits qu’il n’a pas. Celui d’édicter des règles.

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