Poids des mots et mots pesants II – C’était pire que prévu

Le précédent article Poids des mots et mots pesants : commentaire à « Risque zéro pour les voleurs? » du Temps a surpris plus d’une personne de mon entourage.

Que dire de celui-ci ? Je reproduis la réponse tout en finesse de M. Miauton :

Monsieur,

Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage… Mes mots que vous jugez blessants ne l’étaient guère en regard de la façon dont vos amis ont injurié la Suisse face à des médias complaisants.

Mais sachez que je suis moi-même née au Maghreb et que le mot “smala” évoque une famille, souvent grande et unie, et que le mot n’est pas péjoratif.
N’avons-nous pas une émission de radio ainsi intitulée ?

Quant au mot transhumance, il est également souvent utilisé pour les humains et l’idée du bétail ne m’a pas effleurée. Auriez-vous l’esprit mal tourné?

Merci toutefois de votre lecture et de votre réaction. Tous les avis comptent.

Sincèrement.

Marie-Hélène Miauton

Choqué par une réponse à l’entrée en matière si révoltante, je me suis empressé de fendre de ceci :

Madame Miauton,

Merci de m’avoir répondu. Même si le ton, les mots utilisés confirment que décidément, nous n’avons rien en commun. Au moins jouez-vous le jeu, et c’est rassurant.

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Poids des mots et mots pesants : commentaire à “Risque zéro pour les voleurs?” du Temps

Un simple mot glissé dans une chronique, et voilà que tout s’effondre. Dans le Temps de ce jour, Marie-Hélène Miauton se fend d’une chronique au vitriol. La chronique, à dire vrai, commençait plutôt bien : remise en question (quelque peu gratuite, mais passons) de l’uniformité des médias, c’est toujours sain et ça de pris sur l’ennemi. Mais la conclusion, sortie de on ne sait où, éclaire sur sur l’origine de son questionnement. Et m’a poussé à lui demander des explications.

L’article, tout d’abord :

Cela fait bien longtemps que nous avons renoncé à administrer la mort aux malfaiteurs et aux assassins, ce qui est juste. Mais ce qui l’est moins, c’est que les médias aient les yeux doux pour un jeune voleur de voitures et la plume acerbe pour le gendarme qui lui a tiré dessus. Par Marie-Hélène Miauton

Le décès, sous les balles d’un gendarme, d’un jeune Français d’origine kurde, prévenu de vol de véhicule, ne satisfait personne. Cela fait bien longtemps que nous avons renoncé à administrer la mort aux malfaiteurs et aux assassins, notre société répugnant au principe «oeil pour oeil, dent pour dent» jugé à juste titre peu civilisé. Il est donc normal qu’une instruction ait lieu pour déterminer le pourquoi et le comment d’un acte qu’on ne saurait banaliser.

Ce qui est moins juste en revanche, c’est que les médias aient les yeux doux pour le voleur et la plume acerbe pour le gendarme. Cette attitude est irresponsable, même si elle intervient dans un monde où l’on veut nous faire croire que les méchants et les gentils ne sont jamais ce qu’ils semblent être, c’est-à-dire que les voleurs sont tous des Robin des Bois et les flics tous des ripoux. Trop facile! En outre, le risque zéro ne saurait exister ni chez les uns ni chez les autres mais, au choix, il serait normal de viser en priorité la survie du policier. Ce n’est malheureusement pas le cas.

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En ce premier jour de démarrage du “Matin bleu”, je ne pouvais faire autre chose que m’interroger sur l’impact des journaux gratuits dans le monde de la presse suisse. Parce qu’en Suisse le marché est microscopique (les mauvaises langues diront que c’est parce qu’en Suisse on est plus prudent qu’ailleurs), l’idée n’est transformée que bien des années après la France, l’Allemagne ou même l’Italie.

Et après réflexion, je m’étonne moi-même, mais je trouve que c’est une bonne chose. Peut-être plus parce que l’information se doit d’être gratuite, que par souci “d’informer la population”. Il faut être réaliste, ces journaux gratuits n’ont de “quotidien” que le fait de paraître chaque jour. Ils ne vont jamais informer la population, développer son esprit critique, affûter la curiosité du quidam. On va y parler fringue, faire de l’actu’ comme on dit, oublier l’analyse. Tout ce que je déteste 🙂

Mais peut-être que l’esprit corporatiste de la profession journaliste me dérange encore plus qu’un journal de mauvaise qualité. La Suisse, suivant là aussi le reste du monde (et sans retard !) connaît de grosses difficultés à maintenir une presse de qualité. Les journaux adoptent les standards de management venus d’outre-atlantique, remplaçant “la corroboration de source” par “public cible”, “international” par “proximité”. Et cette presse gratuite fonctionne tout comme les nouvelles valeurs ont commencé à s’infiltrer en Europe dès les années 70, l’information étant une marchandise comme une autre.

Toutefois, je n’oublierai pas avec quel plaisir immense j’ai vu arriver l’information par internet. C’était il y a déjà dix ans, et me voilà qui me répétais en faisant des mouvements de va et viens du chef contre mon écran : “ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai”. Tout ce savoir, tous ces avis/opinions, tous ces discours historiques à portés de quelques clicks. Et ces mouvements de souris ne me coûteraient pas un sous ! J’en avais l’émotion au sommet de la gorge. Un sourire béat, je commençais à “surfer sur le web”. Pour voir quelques pubs de voitures et des kilomètres de textes rébarbatifs. Mais le mal était fait.

Ce mal, c’était un goût pour la recherche. La possibilité de pister tel un limier l’origine de la source – bien que possibilité très surfaite – était à portée de main. Toute ma façon d’appréhender l’information allait s’en trouver changer.

Pour en revenir au journal gratuit, un torchon qui ne viendra que se superposer à la longue liste déjà existante, ce n’est pas la “gratuité” qui doit être attaquée. Or, c’est sous cet angle là – à tort – qu’il a été contré.
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HEI Comet

HEI Comet, un journal des étudiants d'HEI Mon cher journal, A l'intérieur de toi-même, je t'enfile un autre journal. Ne te fais pas de soucis, ce journal ne te remplacera jamais, toi, journal ! En espérant qu'un jour, peut-être, je sois dans un vrai journal. Je savais pas trop où mettre tout ça, donc ça finit dans la poubelle, c'est à dire ici. Merci Vincent pour ton taf monstrueux de graphisme, merci Antoine pour tes recherches assidues :) Je ne…

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