Polanski et pédophilie; la Suisse, garante de la justice ?

Sous ce titre provocateur, deux interrogations : quand est-ce que l’Helvétie verra le bout du tunnel dans son application de la justice ? Après la quasi-fin d’un du secret bancaire, une loi devenue inacceptable dans un monde au bord de la rupture économique, après – plutôt pendant – la confrontation avec la Libye dans une affaire d’arrestation d’un fils du Guide régnant, la voilà embarquée dans une histoire d’extradition qui promet de faire la une de la Pologne et la France. Second questionnement : qu’est-ce que c’est cette levée de boucliers du monde artistique, déplorant l’arrestation du cinéaste ?

N’y a-t-il pas contradiction entre les deux premières affaires – secret bancaire et Kadhafi – et cette dernière – Polanski ? N’y a-t-il pas deux poids, deux mesures ? Le secret bancaire était certes devenu intenable, la Suisse s’étant isolée depuis deux décennies, et ayant progressivement perdu et ses alliés et son statut de « puissance neutre ». Les montagnes d’argent amassées sous la légalisation de l’évasion fiscale n’était plus soutenables. N’ayant plus rien à apporter à ses alliés d’autrefois, et alors que le contexte était à la crise économique et à la chasse aux mauvais citoyens, le montagneux pays ne pouvait espérer garder un tel avantage économique. Et la Suisse sommée de suivre l’intérêt général (celui de l’Occident) sur l’intérêt individuel (celui de la Suisse). Dans l’affaire Hannibal Kadhafi (fils de), il s’agissait au contraire de faire primer la morale supérieure de l’Etat face à une justice spéciale d’élites. Dans les deux cas, la Suisse s’est pliée à l’intérêt général; très fortement incitée, dans le premier cas, elle a démontrer son isolement total dans les deux cas.

Mug Shot of Roman PolanskiPassons à l’affaire Polanski, celle qui nous retient ici. Le pays des Helvètes décide bravement, encore une fois, d’appliquer la même justice à tous. Arrestation donc, du réalisateur sur demande des Etats-Unis, qui ont émis un mandat d’arrêt international il y a 30 ans, pour une affaire de pédophilie présumée. Comment est-ce que l’artiste s’en est sortie jusqu’à aujourd’hui ? Grâce à la complicité bienveillant de différents Etats, au sommet duquel la France a offert sa nationalité au cinéaste recherché. Il est vrai que l’Hexagone a une politique d’asile assez incompréhensible pour tous ceux qui ne seraient pas Français : la « doctrine mitterrand », qui s’était muée de doctrine gauchiste en véritable tradition d’Etat (puisque soutenue même par la droite plus tard), consistait à offrir l’asile politique à des terroristes sanguinaires. La vision de ce qu’est la justice « pour tous », en France, m’a toujours laissé pantois. Dernier avatar sur le grill de cette tradition, Roman Polanski : les critiques fusent, jusqu’au Ministre de la Culture (un certain… Mitterrand) qui se dit « stupéfait » par la décision helvétique d’arrêter Polanski. Un homme poursuivit pour pédophilie aux USA. Qui a fuit lors de sa condamnation, en profitant de sa liberté provisoire sous caution. Cet homme, n’aurait-il pas fait la carrière formidable qu’on lui connaît (j’ai une préférence affirmée pour sa neuvième porte) , aurait-il eu droit à la moindre « stupéfaction » ? Certes non. Tout comme si les terroristes des Brigades rouges, au lieu d’être issus d’une idéologie de gauche, avaient penché à droite, aucune bienveillance partisane ne les aurait protégé. On aurait espéré la même mansuétude et la même prévenance à l’égard des prisonniers de Guantanamo. Mais il est vrai qu’eux, au contraire de Polanski, n’ont pas fait de carrière artistique. Est-ce que seuls les assassins et les pédophiles (présumés) auraient droit à la clémence française ? C’est à n’y rien comprendre.
(suite…)

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Libye : Les coulisses du régime Khadafi

On lui donnerait le bon dieu sans confession : simple et accessible, le visage fendu d'un sourire en demi-lune, Idris Aboufaied est pourtant passé par bien des cauchemars. A la place du bon dieu, la Libye lui a donné 25 ans de prison ferme. Avant d'être, sous les pressions internationales, libéré pour raison médicale. Idris est malade, mais il ne se départit pas de son rire. Et ne regrette pas ses choix de vie. Alors qu'il est jeune médecin, le Libyen…

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