Le triomphe de Heidi

C’est l’histoire d’une jeune fille amoureuse de la montagne. Entourée de ses vaches, dansant sur le yodel, elle n’avait de cesse que de fourrer ses lèvres dans ces instruments oblongs pour en sortir la longue plainte propre à réveiller toute la vallée. Rieuse et joueuse, elle partageait avec l’impératrice Sissi un goût pour l’indépendance, la sincérité et la simplicité. Heidi la rebelle goûtait aux nourritures du terroir, un fromage brut sans chichi, une viande dont elle préférait oublier la provenance – elle avait passé l’été à jouer avec la belle Jahrhundert dite “la cornue”, elle ne saurait l’imaginer dans son assiette. Elle évitait de fricoter avec ceux de la ville, dont le discours ennuyeux la détournait de la magnificence des pics enneigés qui s’offraient à elle. Ces industriels qui lui parlaient de progrès technique et scientifique alors qu’elle contemplait une nature pure, n’avaient aucun intérêt pour elle. Ses vaches grasses, ses fromages laiteux, ses vallées intactes suffisaient à rendre heureuse Heidi. Heidi court dans l'herbe des Alpes suissesSauf que ce bonheur et cette simplicité n’étaient que sur papier; Heidi était une fille pauvre, famélique, le cinquième enfant d’une famille de dix individus. Sous la pression de la faim, après avoir mangé Jahrundert et toute sa descendance, Heidi quitta ses vertes ou blanches vallées pour la ville, dans l’espoir d’une vie meilleure.
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Amnesty International dit non à l’initiative sur le renvoi et au contre-projet

Berne/Lausanne, le 2 novembre 2010. Amnesty International dit non à l'initiative sur le renvoi et rejette également le contre-projet qu'elle estime inutile. Une fois de plus, le peuple suisse est appelé à se prononcer sur une initiative qui viole sciemment le droit international. La votation est utilisée par les initiants, par un discours xénophobe et par un abus du droit d'initiative, pour renforcer son capital politique. Pour l'organisation de défense des droits humains, une nouvelle base constitutionnelle en la matière…

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Imprescriptiblité des actes pédo-pornographiques : le triomphe de la démocratie kitsch

La démocratie suisse, l’une des plus avancée au monde en ce qui concerne les prérogatives accordées au peuple, a encore donné la parole au pouvoir de la victimisation : hier, 30 novembre, l’initiative populaire concernant l’imprescriptibilité des actes pédo-pornographiques a été acceptée. De justesse, mais il faut noter que l’association de la Marche blanche a fait campagne contre la quasi totalité des acteurs politiques du pays, sans beaucoup de moyens, face à des médias plutôt hostiles. Malgré cela, il n’est que peu de régions qui l’aient refusé, les Helvètes ayant troqué leur sens critique contre un “accord catégorique sur l’horreur que représente la pédophilie”. Les anciens grecs avertissaient déjà : une démocratie sans garde-fous, c’est une démocratie victime des modes, des sentiments, où l’irrationnel est roi. Depuis hier, la Suisse doit se doter d’un arsenal législatif rendant possible la poursuite d’un acte à caractère sexuel sans contrainte de temps. A 60 ans, poursuivre son père ou sa mère de 90 ans sera désormais possible.

C’est le règne de l’irrationnel, car il était impossible de s’opposer de manière argumentée aux défenseurs des victimes de tels actes. Y a-t-il vraiment parmi les Suisses des gens qui souhaitent voir les abuseurs d’enfants épancher en toute quiétude leurs déviances ? Bien sûr que non. Raison pour laquelle le Conseil fédéral (l’exécutif suisse) avait pris les devants et proposé une limite d’âge pour déclencher de telles poursuites : 33 ans. Un âge arbitraire, certes, mais lorsqu’on imagine les difficultés qui peuvent surgir lors de la collecte des preuves et témoignages dans une affaire qui se serait produite au minimum 15 ans auparavant, la plafond semble raisonnable. Mais en face des différents arguments, il existe le kitsch : une émotion à la force irrésistible, qui emporte tout sur son passage. Une émotion unanime qui, vantant la douleur des victimes, ne fait pas cas de la rationalité ou de l’intérêt général. Ou bien vous êtes avec nous, ou bien vous êtes contre nous; il faut choisir son camp.
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