Bref Historique du Conflit
Le conflit interne éclate vraiment à la suite de l’assassinat, le 29 avril 1948, du candidat à la présidence, Jorge Eliecer Gaitan. Il s’opposait à l’oligarchie dirigeante de Colombie et se profilait comme le prochain président colombien. L’événement déclenche d’énormes émeutes: cinq mille personnes ont été tuées à Bogotà¡ en trois jours. Il s’en suit une répression contre les libéraux et les militants de gauche qui fuient dans les montagnes et s’organisent en groupes armés. La victoire de la guérilla cubaine donne beaucoup d’espoir et dans les forêts les chefs de guerre succèdent aux agriculteurs. En 1966 les “Fuerzas Armadas Revolutionarias de Colombia” (FARC) sont créées.
Cependant les fondements des revendications des groupes armés proviennent d’un temps bien plus lointain: en effet, ils demandent une réforme agraire de fond, car depuis l’indépendance colombienne la répartition des terres est faite de manière aléatoire et injuste. Dans les années 60-70 commence la colonisation des “terres chaudes” qui constituent des grandes étendues de terres à défricher et cultiver et qui représentent les dernières terres à coloniser dans le territoire colombien ((MARTIN, Gérard, “Sociabilités, institutions et violences dans les frontières nouvelles en Colombie”, La Colombie à l’aube du troisième millénaire, BLANQUER, Jean-Michel, GROS Christian (dir.), Crédal, Paris, 1996, pp. 193-211.)) .
La surabondance de ces terres en friche et la basse pression démographique de la population colombienne ont eu comme conséquence la non application de la part du gouvernement colombien d’une politique territoriale qui permette une colonisation organisée. Au contraire, comme l’explique Gérard Martin (( Idem )), l’Etat colombien a créé une législation minimale et a préféré une politique de laisser faire dans ce domaine-là . On peut voir ici l’influence des puissants propriétaires terriens. Le système agraire colombien est, encore aujourd’hui, profondément retardé. Il fonctionne comme un système féodal.
En réponse aux actions de la guérilla, les grands propriétaires ont commencé à s’organiser, et pour financer leur défenses ils ont entrepris des cultures destinées à la production de drogue. C’est à ce moment que sont apparus les narcotrafiquants et les paramilitaires. Ces derniers sont nés à la fin des années 60, dans le cadre d’une politique recommandée par les conseillers américains pour “casser” toute velléité de transformation sociale. Bras armé des narcotrafiquants à partir de 1985, supplétifs de l’armée pour accomplir les basses besognes (( Voir le rapport de Human Rights Watch sur la collusion entre paramilitaires et militaires: Colombia’s Military Linked to Paramilitary Atrocities, New York, 23 février 2000.)) , regroupés depuis avril 1997 au sein des Autodéfenses Unies de Colombie (AUC), ils massacrent les bases sociales, réelles ou supposées, de la guérilla (( Lemoine, M., Au coeur de la plus vieille guérilla d’Amérique Latine : En Colombie, une nation, deux Etats, Le Monde Diplomatique, Mai 2000. )) .
Leur but principal, totalement opposé à celui des guérillas, est d’acquérir le maximum de terres pour développer leur trafic et leur richesse. Ils réalisent ainsi une contre réforme agraire à celle voulue par la guérilla. Leurs méthodes sont très souvent ultra violentes et d’après le Rapport du Haut-commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, les paramilitaires effectuent à eux seuls 80% des massacres.
Comme conséquence de ces conflits la société colombienne est divisée en plusieurs intérêts: l’establishment qui possède le pouvoir, les grands propriétaires souvent associés aux paramilitaires et narcotrafiquants défendant leurs intérêts grâce à leur richesse, la guérilla et les forces de gauche défendant une réforme agraire.
Retour sur la page Le Conflit Colombien
Pingback: Le Conflit Colombien-présentation at Corto en Colombie ?