Ces derniers temps l’Amérique du Sud est redevenue à la mode, on lit de plus en plus d’articles concernant ce continent. L’élection de la gauche dans la quasi totalité de la région suscite de nombreuses prises de position, l’unique président de droite est Uribe en Colombie. Mais dans cette vague rose il existe autant de président que de manière de gouverner à gauche.
Pourtant un trait commun est bien présent dans l’histoire récente de l’Amérique du Sud. La période de démocratisation a débuté à la fin des années 70.
L’arrivée du président Carter aux USA et sa politique de respect des droits de l’homme a modifié le jeu politique. L’appui aux dictatures cesse et la transition vers la démocratie commence. Celle-ci est, bien souvent, une collaboration entre les militaires et les forces conservatrices. On assiste à un pacte entre les différentes élites pour prendre et conserver le pouvoir. Le but est bien sûr de ne pas perdre les différents privilèges acquis durant toutes ces années.
Dans les mêmes années une crise économique fait rage, les années 80 sont marquées par la crise de la dette, qui touche très fortement les pays sud-américains. Ces pays doivent changer leur modèle économique, passer d’un système protectionniste, de substitution des importations, à une ouverture au marché mondial. Le paquet de réformes, connu sous le nom du “consensus de Washington” est imposé par le FMI. Le résultat de cette diminution de l’intervention de l’Etat va se faire d’une manière rapide et brusque, ce qui va entraîner une crise sociale. La population perd beaucoup de son pouvoir d’achat, les inégalités, déjà énormes se creusent.
Des mouvements sociaux commencent à apparaître et les syndicats s’organisent. Mais, comme les élites gouvernent de manière exclusive, ces mouvements n’ont aucun accès au pouvoir. Ils restent exclus du système.
Au fil des années la contestation progresse, mais les solutions proposées par les gouvernements en place sont toujours les mêmes : libéraliser, privatiser et ouvrir le marché. Les problèmes ne se résolvent pas.
A la fin des années 90, les crises sociales réussissent plusieurs fois à faire tomber les gouvernements, et finalement dans de nombreux pays les représentants des mouvements sociaux prennent le pouvoir.
L’arrivée de ces mouvements correspond à un rejet du système existant, incapable de résoudre les problèmes de la population. Ce rejet se transforme alors en désaveu de la démocratie. Une enquête du PNUD de 2004 nous dit que presque 60% de la population pense que la démocratie ne peut pas résoudre leurs problèmes. Cette part importante de la population serait prête à céder quelques unes de ces libertés fondamentales pour obtenir plus de justice sociale et résoudre ces problèmes économiques.
L’élection de Chavez, de Morales et les 45% de Ollanta proviennent en grande partie du rejet d’un système associé au néolibéralisme et aux conservateurs. Mais en fin de compte, dans le cas du Venezuela et probablement de la Bolivie on assite à un virement à 360° car leur gouvernement exclut une part de la population de toute initiative.
Le Brésil de par son système qui oblige tout parti à faire une coalition pour accéder au pouvoir, n’est pas tombé dans cet excès et l’image de l’Etat auprès de la population s’en sortira sûrement renforcée, contrairement aux autres.