Uribe a annoncé hier qu’il voulait donner quelques avantages aux para-politiciens enfermé depuis quelques temps. Le week-end dernier l’Espectador préparait le terrain en nous disant que les pauvres petits étaient en pleine déprime dans leur prison. Snif…
Uribe, bon homme qu’il est, il a surement été touché par les témoignages de tous ces congressistes … qui le soutienne rappelons le!
En deux mots, Mr le président veut amnistier les truands qui ont financé, soutenu, appuyé les paramilitaires ou encore été soutenu par ces même monstres… Les seuls qui resteraient enfermés serait ceux qui ont participé (d’une manière ou d’une autre) à des “délits atroces”. Il s’invente une sorte de Ley de Justicia y Paz où les corrompus avec les paramilitaires bénéficieraient de la liberté en échange de la vérité…
Un cas flagrant d’abus de pouvoir, de copinage et d’acceptation du pouvoir paramilitaire. Comme le dit si bien “Colombia Hoy“, la plus vieille démocratie d’Amérique [latine] s’éloigne à grand pas de l’Etat de Droit… c’est clair, Uribe a dû oublier ce que c’était la séparation des pouvoirs et l’institutionnalité.
Encore un élément qui va plaire aux démocrates ricains… c’est sûr!
Un peu de mesure…
Je remets cet article qui permet de réfléchir sans passion à ce problème :
Après Chiquita, tomberont les autres, c’est-à-dire tout le monde.
L’échelle des valeurs dans le système politique colombien est bien curieuse. Selon ce que nous raconte un personnage si influent sur les sujets de la guerre et de la paix et généralement tellement pondéré tel qu’Eduardo Pizarro Leongómez (nommé responsable de la commission nationale de réparation et réconciliation, voir un article du Monde vers lequel j’ai placé un lien dans un précédent article sur la Colombie), les conversations du gouvernement avec l’ELN (Armée de libération nationale, seconde guérilla marxiste de Colombie) devraient conduire à ce que siègent bientôt au Parlement (et vraisemblablement au sein du groupe du Pôle démocratique – le parti de gauche institutionnelle) Gabino, Francisco Galán, Antonio GarcÃa (trois leaders de cette guérilla) et autres membres de cette confrérie d´assassins, de preneurs d’otages, d’exécuteurs de massacres, de destructeurs de l’environnement, domaine dans lequel ils sont les champions, et de semeurs de mines anti-personnel.
Cela semble aussi bien et naturel aux beaux esprits que le fait de demander simultanément l’extradition des détestables « gringos » de Chiquita, afin de les châtier pour avoir cédé à l’extorsion dont ils ont été la cible de la part des paramilitaires, de l’ELN ou d’autres guérilleros pour qu’on ne tue pas leurs employés, qu’on ne plastique pas leurs usines ou leurs bateaux et qu’on ne kidnappe pas leurs cadres.
Il est incroyable que l’unanimité qui s’est montée contre Chiquita ne suscite pas de suspicion. Les présidents d’hier et avant-hier, les journalistes de toutes les vallées, les partis politiques, le procureur général, les curés, tous partagent la même vertueuse indignation à l’égard de l’Infâme qui a payé des paramilitaires. Très étrange, cette vindicte collective, quand les mêmes qui l’exercent sont ceux qui réclament l’échange humanitaire (avec les FARC) pour payer un autre sauvetage, non en argent mais en bandits (l’échange humanitaire consisterait en effet à troquer les guérilleros emprisonnés au terme de procédures judiciaires contre certains otages de la guérilla).
La direction prise par les promoteurs de la paix avec l’ELN, assortie d’un pardon total, est très claire. Avec la même logique, les FARC recevront un traitement similaire quand, un beau jour, elles passeront de la jungle au Capitole national, sans escale. La ficelle est quand même un peu grosse… Permettez-moi de ne pas avaler tout cru !
Petro (sénateur de l’opposition de gauche, particulièrement virulent à l’encontre du président et suspecté par certains de complaisance à l’égard des guérillas officiellement marxistes) et ses amis, qui sont également les amis avoués ou non de Hugo Chavez, ont annoncé le prochain « débat » public : il va falloir identifier tous les entrepreneurs qui ont payé des rançons aux paramilitaires et les envoyer en prison. Pour prouver les faits, on trouvera bien un Rafael Garcia (ancien chef des services informatiques du DAS, conglomérat du renseignement civil en Colombie, emprisonné pour de multiples délits et devenu grand accusateur des liens existant entre les pouvoirs publics et les groupes paramilitaires), engeance abondante dans le pays, ou même quelqu’un de plus crédible et moins répugnant. Et la tâche sera aisée, parce que dans de vastes zones du pays, toute personne ayant survécu a dû se plier aux menaces de violence des paramilitaires, violence potentielle qui s’est substituée à la violence réelle des guérillas. Ceux qui ont vendu de la bière, des sodas ou des aliments, ceux qui ont transporté du fret ou des voyageurs, ceux qui ont visité leurs fermes, ceux qui ont exercé des professions visibles, par exemple la politique, ont tous payé d’une façon ou d’une autre leur écot aux tueurs du moment.
La preuve irréfutable de leur culpabilité est qu’ils sont vivants et libres. La mort ou la qualité d’otage sont les seules preuves d’innocence dans une partie du territoire colombien. Ainsi a été notre grande tragédie nationale, qui touche tous ceux qui, bien contre leur gré, ont payé leur tribut aux FARC, à l’ELN ou aux AUC (fédération de groupes paramilitaires aujourd’hui formellement démobilisés).
Débute la procession des victimes vers le gibet : rien de tel qu’un vilain gringo ayant payé des paramilitaires pour commencer. Avare maudit qui aurait dû permettre qu’on ruine son business et massacre une partie de ses employés qui, soit dit en passant, le méritaient pour avoir travaillé à son profit. Une fois que cette tête sera tombée, les autres la rejoindront dans le panier de l’infamie. Si bien qu’après les politiques, à la chasse desquels nous nous amusons tant, le tour viendra des entrepreneurs. Ensuite, ce sera celui des militaires, comme on l’essaye déjà avec le général Mario Montoya (commandant l’armée de terre) puis enfin celui de nous tous, qui ne protestons pas face à cette ignominieuse exécution collective. Et ce sera un juste prix pour notre lâcheté ./.
Ça me fait quand Même halluciner comment tu peux justifier l’existence et le financement des paras… Il existe une différence entre le cas de Chiquita qui offre gentiment des armes aux paras et les entreprises qui ont été contrainte à un impôt de guerre … de la même manière entre un politicien qui n’a pas eu le choix que de se retrouver avec des paras et les politiciens qui de leur plein gré se sont associé avec les paras pour mener à bien leur “projet de refonder la nation” … encore pire un militaire qui participe ou ferme les yeux devant les actions paramilitaires …
Ton article est un tissu de haine et il me semble te l’avoir déjà dit.
Uribe est en train de passer au dessus de la justice pour son petit bonheur et ça c’est un problème …
Je suis d’accord avec phiconvers, pas facile de survivre dans ces régions sans payer son écot aux uns et/ou aux autres.
Ce serait dommage de se tromper d’adversaire…
Merde alors il va falloir que je fasse le modérateur 😉
J’ai eu l’occasion il y a 25 ans, un peu plus même, de faire le tour de la Colombie. Je vendais des semences pour insémination artificielle. J’ai couché dans de nombreuses haciendas, le Colombien est très accueillant. Combien de fois n’ai-je pas été réveillé par le cliquettement des armes vers 3 ou 4 heures du matin ? Peur d’invasion, peur des guérilleros, peur des gens qu’on avait commencé à mettre en place pour se protéger et qui devenaient eux aussi des prédateurs. Pas facile de survivre pour ces éleveurs. Pas facile de ne pas payer son écot sans savoir non plus si cela servira à quelque chose.
J’avais une Renault 4 des bidons avec mes semences et puis un jour au bord d’une route le M19. 3 jours avec eux. Par miracle je suis reparti, on m’a laissé repartir, à pied bien entendu…
Je raconterais un jour ces trois jours. Instructif, croyez-moi !
Bien d’accord, et je ne crois pas parler des paysans et des petites entreprises qui n’ont pas le choix.
On est en train de parler des messieurs/dame qui par convictions ont décidé de s’associer avec les paramilitaires … ce qui me semble pas mal différent.
Et vouloir les laisser libre, sans même les punir un peu, a pas mal d’implication…
à part ça je serait curieux de connaitre l’histoire de ces 3 jours…
Tonio, ma réponse vaut également pour ta réaction sur les accusations de Mancuso.
Je suis pour ma part convaincu qu’Uribe veut faire le ménage et remettre la Colombie sur la voie de la normalité.
Il faut d’abord respecter la présomption d’innocence à l’égard de tous ceux qui sont accusés (et pas encore jugés) pour complicité de paramilitarisme.
Il est par ailleurs nécessaire de remiser le sectarisme qui t’entraîne à disqualifier par avance un personnage comme F. Londoño.
S’agissant des parlementaires qui pourraient bénéficier de mesures d’amnistie s’ils n’ont pas commis de “délits atroces”, je comprends ton émotion mais te prie de te replacer dans le contexte dans lequel tu vis : quand Pastrana, le bien-aimé de la communauté internationale, était président, on pouvait déjà lire que le tiers du congrès était sous influence paramilitaire. La Colombie nécessite une profonde catharsis, qi n’est possible qu’à travers l’abandon des procédures de droit commun. Sinon, comment envisager un jour la réintégration des guérillas (et de leurs “compagnons de route”) dans la vie démocratique ?
Si tu considères qu’il y a maladresse, tu peux tenter d’apporter une contribution constructive plutôt que de t’attacher à ruiner un peu plus ce qui reste d’institutionnalité dans ce pays que, tous deux, nous aimons.
[quote post=”488″]Il faut d’abord respecter la présomption d’innocence à l’égard de tous ceux qui sont accusés [/quote]
Justement s’ils sont déjà en taule c’est qu’il y a suffisamment de preuve qu’ils sont coupables..
[quote post=”488″]u peux tenter d’apporter une contribution constructive plutôt que de t’attacher à ruiner un peu plus ce qui reste d’institutionnalité dans ce pays[/quote]
T’as pas la moindre idée de ce que je fais … alors..
De toute façon, il n’y a pas de bons terroristes que ce soient les paramilitaires dont les armes sont bénies par l’église ou les guérilleros qui eux préfèrent Chavez et Castro.
Toño, la détention provisoire, ça existe !
Ben oui et c’est pour ça qu’il ont besoin d’un jugement et non d’une “ley de paz bla bla” comme le veut Uribe …c’est bien ce que je dis.
Patrick … j’ajouterai que l’église est aussi derrière les guérilléros … Chavez et Castro sont toujours bien entouré d’homme en jupe. Et les guérilla aussi!
La loi “Justice et Paix” prévoit un jugement des prévenus et n’intervient que sur les peines prononcées, tonio. en outre, celle-ci ne concerne pas les politiques accusés de collusion avec les paramilitaires.
oui, il existe encore un courant de l’Eglise qui croit en la “revolucion” marxiste. il est heureusement minoritaire, et les récents propos du pape au Brésil achèvent de le disqualifier !
Il n’existe plus que le courant qui a aidé et accepté les dictatures de Pinochet et celle d’Argentine.
Pas l’impression qu’on ait gagné au change !
Patrick, je ne suis pas sûr de ce que tu dis. je crois de façon générale que l’Eglise, dont je fais partie, n’a rien à faire en politique et qu’elle doit se limiter à transmettre la foi, laquelle impose de rejeter certaines postures politiques et morales.
La mémoire courte ?
allez lire cela :
http://blog.argentine-news.com/souvenons-nous-262.htm
Patrick, j’ai vu et lu ton article, qur lequel j’interviendrai un de ces 4 !
Je disais de toute façon ne pas être sûr de ton assertion sur le fait qu’il n’existerait aujourd’hui plus qu’un courant pinochettisto/videliste dans l’Eglise. je n’évoquais pas le passé de l’Eglise, qui ne peut pas être résumé à tes propos, vifs et contestables !
Le passé, éternelle excuse, même quand il est si proche.
Il ne me reste qu’à reprendre cette phrase remarquable du “Père Noël est une ordure” :
C’est cela, oui, c’est cela…
Qu’importe que ce soit un sabre, un goupillon ou un parapluie qui nous gouverne !
C’est toujours un bâton, et je m’étonne que des hommes de progrès en soient à disputer sur le choix du gourdin qui doit chatouiller l’épaule, tandis qu’il serait beaucoup plus progressif et moins dispendieux de le casser et d’en jeter les morceaux à tous les diables.
Théophile Gautier
Préface à Mademoiselle de Maupin, 1835.
Patrick, on ne s’enflamme pas et on attend un débat prochain sur le sujet, please !
Je préfère parler ici d’Uribe et de ses tentatives variées et méritoires pour changer la donne !
Pas d’inquiétude, nous reparlerons de la Sainte Eglise catholique, dont je me désole qu’elle n’utilise pas son excellent réseau pour se défendre elle-même. Trop de boulot pour tout expliquer ou remettre en perspective. Le clergé argentin est un peu nonchalant, à mon goût. Il vous manque un cardinal Castrillon, définitivement !
C’est cela, oui, c’est cela…
Hier je suis rentré du boulot à 9h30 … j’avoue que j’ai pas trop eu la force de répondre, je ne savais si je devais en rire ou dire ce que je pense… finalement je me dis que c’est pas la peine rajouter une couche.
Je veux juste relever deux trucs:
1.Phiconvers: quand je parle de ley de justicia y bla bla .. c’est justement parce que la ley de justicia y paz ne s’applique pas au politiciens et, je le dis dans mon post, Uribe propose une nouvelle loi spécial pour ces copain!
2.Phiconvers: tu cumules un peu les mandats non? … extrême droite royaliste française, membre de l’église, uribiste, anti-homo, anti-avortement, et j’en oublie surement d’autre encore plus croustillant… pinochetiste?
Tonio, je maintiens qu’il est malvenu et partial d’armer des procès d’intention à ce stade.
Quant à mes mandats variés (et parfois un peu lourds), tu reconnaîtras que je charche à recentrer le débat sur l’objet de ton post. Royaliste ? Extrême-droite ? Je te laisse libre de tes interprétations (hasardeuses !). Anti-avortement, c’est clair. Mon blog détaille ma position. Anti-homo, cela n’a guère de sens. Etre opposé au mariage homosexuel relève-t-il de l’homophobie ? Je ne crois pas.
Membre de l’Eglise, cela te pose un problème ? Pinochettiste ? J’avais posté sur le sujet…
Ne versons pas dans la caricature, sinon, je vais devoir m’y jeter à corps perdu…
t’en fais pas j’avale des Boas … j’ai appris (ça doit être l’âge) à accepter avec patience les propos les plus extrêmes. Ça me fait mal, mais j’ai renoncé à changer le monde il y a longtemps.
N’entrons pas dans ce débat d’homophobie, avortement etc…
Par contre le post sur Pinochet m’a échappé .. j’irais voir quand je serais bien en forme, pour me déprimer un coup!
Pour t’épargner la peine de chercher l’article en question : http://francelatine.over-blog.com/article-4866618-6.html#anchorComment
Pour autant, je ne peux que t’inciter à consulter régulièrement mon blog, qui brouillera un peu plus encore tes codes de lecture de l’ennemi que je suis sans doute pour toi !
c’est clair je vois des ennemis partout, d’ailleurs je suis constamment vêtu de treillis militaires, camouflage de nuit comme de jour, caché derrière mon ordi en train de lutter contre le mal qui s’infiltre dans nos sociétés depuis deux millénaires… en l’an zéro le premier punk débarqua sur notre planète et sema le doute, l’incertitude et l’idée de pêcher.
Alors derrière mon ordi je visite ton blog et je tente de mettre des bombes… la dernière fois j’ai fait péter que mon écran … mais attendons de voir la prochaine … peut-être j’arriverai à faire péter ton site!!!
(désolé pour les autres, cela ne veut rien dire, mais là c’est vendredi soir…)