Les militaires sudaméricains

à  lire dans Le Monde

Par Paulo A. Paranagua:

Depuis la chute du mur de Berlin et le reflux des dictatures, les militaires d’Amérique latine s’interrogent sur leurs missions et leur place dans la société. La fin de la guerre froide a rendu caduque la “doctrine de sécurité nationale”, qui a servi à  justifier les coups d’Etat des années 1960 et 1970. La plupart des armées d’Amérique latine ont opéré à  la fois un repli sur leurs missions traditionnelles de défense et un redéploiement vers des missions de paix sous mandat des Nations unies. Les militaires sont ainsi parvenus à  redorer leur blason auprès de leurs opinions publiques et auprès de l’opinion internationale.

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Aujourd’hui, il ne semble pas y avoir de menace de guerre en Amérique latine, en dépit de quelques différends frontaliers. Les litiges sont en voie de règlement par la négociation. Le 8 octobre, le Honduras et le Nicaragua ont accepté la décision de la Cour internationale de justice de La Haye concernant quatre îles que les deux pays se disputent. Le Chili et la Bolivie n’ont pas de relations diplomatiques à  cause de la vieille revendication d’un débouché sur la mer pour les Boliviens, mais le dialogue entre leurs diplomates a bel et bien commencé.

Plutôt que le terrorisme, le véritable problème de la région est le crime organisé, qui infiltre, contamine et affaiblit les Etats. Les polices sont souvent débordées. Et les Etats-Unis exigent des résultats dans la lutte contre la drogue, comme l’a rappelé, au mois d’octobre, le secrétaire à  la défense Robert Gates, lors de sa première tournée en Amérique latine. La Colombie, seul pays de la région avec un conflit armé interne dopé par le narcotrafic, reste un cas à  part. Ailleurs, la participation des forces armées à  des missions de sécurité publique provoque la controverse, du Mexique au Brésil, en passant par l’Amérique centrale, ébranlée par les maras (gangs de jeunes violents).

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“MILITARISER LA VIE POLITIQUE”

Echaudé par l’histoire, le général chilien refuse également tout ce qui risquerait de “dénaturer” l’institution militaire. “La politisation des armées n’est pas bonne pour la société, car elle tend à  militariser la vie politique, souligne-t-il. Elle est préjudiciable aussi pour les militaires, qui doivent servir l’Etat et non le gouvernement du moment.” Cette critique s’adresse explicitement au président vénézuélien, le lieutenant-colonel Hugo Chavez.

A tout ça j’ajouterai le défi de la privatisation, mais on n’en reparlera bientôt.

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