Bogotá, le sud

dscf3175.JPGL’avantage d’être en campagne c’est qu’on voit “du pays” … en l’occurrence plutôt de la “ville”. Ici les quartiers sud, San Cristobal. Mais on est aussi passé par Kennedy, las Cruces, Ciudad Bolivar etc. Le même jour bien sûr. Tous ces quartiers qu’un étranger comme moi n’aurai jamais du connaître. D’ailleurs la majorité de mes amis (colombien) ne savent même pas qu’ils existent ces quartiers.

Orquesta Aragón & Guayacan Orquesta

Du grand, du très grand, hier en concert au parc Simon Bolivar. Les cubains de l’Orquesta Aragà³n ont enflammé le public, suivi par les Colombiens de Cali. Le festival “Salsa al parque” a fait danser la ville. à€ écouter en boucle pour commencer la semaine!

Orquesta Aragà³n (à  New York):

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=bptnV7jp12Q[/youtube]

Guayacan Orquesta:

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=sEOBYWpiEQo[/youtube]

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=MgJOmx3iRaY[/youtube]

Les fantômes de Bogotá

CandelariaLa vieille ville de Bogotà¡, le quartier de la Candelaria, est célèbre pour ses vielles maisons coloniales. Un patrimoine absolument magnifique et source d’histoire à  dormir debout. Les habitants de ce quartier en racontent facilement quelques unes, et pour ceux qui prennent vraiment le temps de partir à  leur recherche pourront découvrir quelques perles. Les aventures des premières années de la “fugue” (( elle a été volée par le M19 )) de l’épée de Simon Bolivar est une de mes préférées. Surtout si l’on pense que maintenant beaucoup prétendent que Chavez la conserve précieusement.
Mais la grande majorité des histoires sont relative aux nombreux fantômes qui cohabitent avec les propriétaires de toutes ces maisons. Que se soit dans les anciens bâtiments du DAS, où de nombreuses années de tortures ont marqué les murs de l’édifice reconverti en appartement, ou dans des maisons de plus de 3 siècles, les morts ont toujours des anecdotes à  nous conter ou nous faire comprendre.
Dans le cerveau européen ce n’est pas toujours facile de faire cohabiter ces “faits” étranges avec le scientisme dans lequel nous avons grandi mais ici l’acception des fantômes est complète. A tel point que même El Tiempo consacre un article pour nous expliquer les derniers évènements. Une cérémonie pour la nomination d’un nouveau recteur a pris beaucoup de retard car un fantôme aurait caché les documents nécessaires. Des historiens reconnus ont même fait une recherche pour savoir qui habitaient cette université.
Dans le même ordres d’idée dernièrement une vidéo a été filmée dans un appartement par une personne qui essayait sa nouvelle caméra, on peut admirer une étrange apparition d’une jeune fille… une petite frayeur pour le caméraman, un vrai plaisir pour nous:

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=xhYJuRCdns0[/youtube]

décidément son ” ay ijueputa… que es eso… mierda… no me joda ijueputa vengan … ojo!!!!” me fait mourir de rire

Pielroja

pielroja

Pielroja est une marque de cigarette colombienne, sans filtre genre Gauloise maïs, on l’appelle couramment “el peche”. Dire qu’elles sont bonnes serait un grand mot, malgré un arrière gout genre vanille qui peut les rendre original, elles sont vraiment forte. En fait le seul truc que j’aime bien de cette marque de clope c’est l’image de l’indien, elle est dessinée sur toute les cigarettes et un dicton populaire nous enseigne qu’il faut fumer sa clope avec l’indien du coté où on l’allume. Simplement parce que

l’indien préfère être brulé que sucé par un blanc

Bien sûr, comme ils le disent si bien sur cette peinture rupestre, fumer est mauvais pour la santé. J’ajouterai surtout si vous voulez jouer au foot en altitude!

Bogotá: un record contre les armes!

imagen-3549705-1.JPG50’000 étudiants se donnent la main sur 25 kilomètres pour protester contre les morts violentes qui touchent la ville. Cette manifestation symbolique et historique, est un guiness. C’est aussi et surtout un appel aux groupes illégaux, présent en ville, à  arrêter de faire “chier”. La belle action, pacifique, est partie d’Usme, le quartier le plus au sud de la ville, pour aller jusqu’à  la station du transmilenio Heroe, dans le nord.

Il faut rappeler que dans des quartiers comme Ciudad Bolivar (sud de Bogotà¡) il existe un couvre-feu à  18h imposé par les paramilitaires… à  partir de 22h la sortie peut être mortelle.

PS: un ps juste pour les touristes: pas de soucis vous n’irez jamais à  Ciudad Bolivar, à  moins que quelqu’un vous y emmène… n’oublions pas que Bogotà¡ est une ville bien plus sûr que Caracas (par exemple)!

Maru

Ce texte est la suite du quatrième épisode et la fin d’une série titrée “Un regard sur la prostitution en Colombie: Maru, princesse du quartier Santa Fe à  Bogotà¡â€ écrit par Sablebel. Je tiens à  présicer que c’est rélllement l’histoire de Maru, et qu’elle a insisté pour qu’on utilise son vrai nom par envie de faire connaître son histoire. Histoire qui se répète relativement fréquemment…

“J’étais une pute mais je suis la preuve que l’on n’est pas condamné à  l’humiliation”

Elle reprend son travail d’hôtesse là  où elle l’avait laissé, dans un bordel voisin du club “La Piscine“, véritable institution de la débauche à  Bogota. C’est pour elle le réapprentissage d’un rythme infernal alcool, bazuco, travail sexuel. Au bout de quelques mois, elle fait cependant la rencontre d’une association de la zone, qui travaille auprès des habitants de rue et des personnes prostituées, et qui lui propose de collaborer avec elle sur certaines de ses activités de prévention. Exténuée par l’incandescence dans laquelle son existence se consume à  feu doux, Maru se sent véritablement investie d’une responsabilité vis-à -vis de ses soeurs dans le quartier, surtout vis-à -vis des plus jeunes qui y débarquent chaque semaine, ces gamines qui pour certaines ont à  peine l’âge de ses filles restées à  Medellin.

Elle commence à  s’engager activement dans les activités de prévention autour du VIH, de la réduction de la toxicomanie dans la zone, elle entreprend d’organiser les prostituées de la zone pour faire valoir leurs droits vis-à -vis des pouvoirs publics, des patrons d’établissements, des clients… Elle reprend aussi le chemin de l’école tous les matins, après ses nuits à  rallonge au tapin, dans un programme gouvernemental de formation pour adultes, où elle finit par obtenir son bachillerato, baccalauréat colombien. Au bout de quelques mois de collaboration informelle sur le terrain, l’association finit par lui proposer un emploi de coordinatrice des activités de mise en réseau dans la zone, une aubaine pour cette figure emblématique du quartier, connue de tous, des prostituées, des clients, de la police, mais surtout des différentes institutions publiques et privées qui y travaillent autour de la réduction des risques.

Cette emploi va permettre à  Maru d’envisager pour la première fois une véritable alternative à  la prostitution, concrète celle là , pas la poudre aux yeux des châteaux en Espagne. Pendant 3 ans, elle va y consacrer toute son énergie, tentant de prouver autour d’elle qu’il est possible de rompre cette dynamique vicieuse et avec les dérives qui l’accompagne. Elle va mobiliser, informer, rassembler, témoigner au quotidien de son expérience pour matérialiser aux yeux des autres frangines, des travestis, des habitants de rue, la possibilité de se reconstruire personnellement. “Moi aussi, j’étais une pute mais je suis la preuve que l’on n’est pas condamné à  l’humiliation” comme elle aime à  le répéter fièrement à  celles qui sont encore de l’autre côté du trottoir. Dans l’association Maru va également connaître l’amour, le vrai, pour la première fois, à  44 ans, après avoir été la demoiselle de déshonneur de tant d’hommes pendant 5 années. Elle va apprendre à  construire des projets à  deux, se rapprocher de ses filles à  grand coup de confessions et de dialogue pour regagner peu à  peu ses galons de mère de famille.

Nouveau départ…

Après ces 3 années à  écumer les rues du quartier au service des autres, Maru a décidé d’aller reconstruire sa vie de famille au Venezuela, là  où ses deux ainées se sont installées avec leurs maris. Elle va y emmener sa fille cadette de 18 ans, pour rattraper les années perdues ensemble, la voir grandir enfin. Là -bas, en famille, ils vont monter un commerce de nourriture colombienne à  destination de la diaspora établie en nombre de l’autre côté de la frontière. Un projet qui angoisse déjà  Maru mais qui signifie pour elle qu’une page s’est tournée, qu’une nouvelle vie commence, enfin.

Ce 31 janvier 2007, elle quittera [a quitté] Bogota, elle laissera derrière elle cette énergie incroyable, le témoignage d’une femme de caractère qui a réussi à  se défaire des griffes du quartier Santa Fé, qui est parvenue à  accepter dignement son passé et à  le transformer en un exemple à  suivre pour les trop nombreuses “soeurs” qui resteront ici. Ce soir là  les phares blancs des taxis reprendront leur ballet régulier, déchirant d’un éclair la nuit glauque et pesante. Les anonymes d’une nuit partiront un à  un au bras des femmes vagabondes, monnayer en silence leurs plaisirs éphémères.

Texte complet

Case prison, case départ

Ce texte est la suite du troisième épisode d’une série titrée “Un regard sur la prostitution en Colombie: Maru, princesse du quartier Santa Fe à  Bogotà¡â€ écrit par Sablebel.

Alors le patron bienveillant lui propose un nouvel “emploi”, pour la récompenser qu’il dit, en Allemagne cette fois. Le réseau est bien implanté, il recycle les travailleuses sexuelles d’un pays à  l’autre, s’échange des “africaines” contre des “latinos”, au gré des envies des clients, de la tendance d’un marché du sexe en plein essor et en pleine diversification sur le Vieux Continent. Maru débarque donc en Allemagne avec 2000 euros en liquide dans sa valise, de quoi entrevoir une certaine stabilité pour l’avenir. Elle reprend le chemin du bordel dès son arrivée à  Frankfurt, accompagnée d’une de ses “soeurs”, comme elle nomme affectueusement ses compagnes de galère.

L’aventure tourne court. Après seulement 25 jours de service, la police locale débarque dans le bordel où elle exerce. Ils embarquent toutes les personnes en situation irrégulière comme elle, c’est-à -dire à  peu près toutes les étrangères établies ici sans papiers valables : filles de l’Est, africaines, latino-américaines. Direction la prison fédérale. Maru va y côtoyer d’autres étrangères pour qui l’aventure s’est terminée brutalement dans des conditions similaires. Jugée en comparution immédiate, elle hérite d’1 mois de prison ferme, et est surtout condamnée à  être expulsée manu militari une fois la peine purgée. Elle va donc faire l’expérience de la prison, dans un pays dont elle ignore tout jusqu’à  la langue, et qui vient surtout de mettre à  terre son Eldorado européen. Viol collectif organisé par ses compagnes de cellule lors de sa première nuit, violence physique et morale des toxicos ou anciennes prostituées, trafic de drogue entre gardiennes et détenues, journées de ménage de 8 heures payées 1 dollar pour s’aérer l’esprit et sortir de la cellule, Maru ressort traumatisée de son passage derrière les barreaux. Au mois de juillet 2003, elle est renvoyée par charter chez elle en Colombie, évidemment sans l’argent qu’elle avait amassé, confisqué par les services de police lors de son arrestation. A son arrivée à  l’aéroport de Bogota, elle doit simplement signer une décharge confirmant son expulsion d’Allemagne, qui au passage la prive définitivement de toute obtention future de visa pour l’espace Schengen. Elle repart en taxi vers un improbable avenir. Pour elle pas d’autre issue à  entrevoir pour préparer sa réinsertion rapide en Colombie: elle reprend le chemin des bordels du quartier Santa Fé. 5 mois après, c’est donc le retour à  la case départ.