Fait chaud!

Bogotà¡, depuis le parc Simon Bolivar

L’actualité française tourne beaucoup autour de l’environnement ces derniers temps. Nicolas Hulot fait signer son pacte à  tout le monde, Chirac tente une sortie onusienne en beauté et l’hiver s’est vraiment fait attendre. L’environnement est (enfin) devenu un thème important pour les médias. C’est bien!

Il nous reste à  espérer que le pacte Hulot serve à  quelque chose, que l’ONU de l’environnement se crée avant que New York soit sous les eaux et qu’on éteigne la tour Eiffel plus que 5 minutes.

A Bogotà¡ on a aussi droit à  la semaine environnement: El Tiempo a mis en ligne pendant une semaine un “dossier” qui ne disait rien mais qui montrait une photo d’un iceberg avec deux gros ours blanc à  la dérive… cela voulait tout dire, mais au moins ils en ont parlé. Il faut dire que les gens commencent à  se préoccuper. On a droit à  des températures record en ville, les cultures sèchent et de nombreux d’incendies ravagent le pays. Au jour d’aujourd’hui 13′000 hectares ont brulé, et comme le dit le ministre de l’environnement le gros problème c’est qu’on est pas du tout équipé. En matière de lutte contre le feu la Colombie a 40 ans de retard.

C’est maintenant qu’une petite aide du grand voisin du nord sera la bienvenue, pour une fois Uribe pourrait demander autre chose que des armes…

Le plus triste de l’histoire est que depuis deux mois j’étais super content, je pouvais enfin profiter de la ville avec du soleil. Cela faisait un an et demi que j’attendais ça. Errer dans le parc Simon Bolivar, véritable poumon au milieu de la ville (un peu comme Central Park à  New York), était un véritable plaisir. Maintenant ça sent le brûlé.

La tentation du large

Ce texte est la suite du deuxième épisode d’une série titrée “Un regard sur la prostitution en Colombie: Maru, princesse du quartier Santa Fe à  Bogotà¡â€ écrit par Sablebel.

2002 représente un véritable tournant pour elle. Enfin c’est ce qu’elle croit entrevoir. Des “amis” de circonstance lui proposent de se faire la malle pour l’Espagne, pour de bon. Tous frais payés qu’ils disent. Pas besoin de galérer pour les démarches et les papiers qu’ils promettent. Elle aura juste à  travailler pour eux pendant 3 mois à  son arrivée, là  où ils lui ont trouvé du boulot, histoire de rembourser les 15 millions de pesos qu’ils auront déboursés pour elle en avance. Fausses lettres d’accueil, faux contrat de travail, des promesses plein la tête, des projets plein les valises. Le rêve européen est en marche.

L’endroit en question où ils lui ont débusqué un travail, comme ils disent, n’est rien moins qu’un des plus grands bordels de Galice. Une boîte de nuit où se pressent tous les week-ends près de 2500 personnes, discrètement “pris en charge” par environ 250 prostituées venues de tous horizons, principalement d’Amérique Latine, dont environ 70% de colombiennes, mais aussi d’Europe de l’Est pour la touche exotique sans doute.

La filière est grossière, comme dans la plupart des pays d’Amérique Latine me direz-vous, là  où les colombiennes viennent chaque année gonfler les rangs des “filles de joie” payées sèchement. La chair de latino est également particulièrement appréciée de ce côté de l’Atlantique. Maru y découvre la violence et les propositions indécentes de clients persuadés d’être dans leur bon droit, elle y apprend les cadences infernales, près de 40 passes par nuit, pour rembourser sa dette dans les 3 mois impartis. Une pression insupportable de la part des “amis” colombiens établis ici pour contrôler le bout de la filière.

Les filles sont logées dans des hébergements collectifs. Pas de bon de sortie, elles doivent rester cachées pendant 3 mois à  l’abri des regards, surtout si elles veulent rêver à  de nouvelles alternatives une fois les 3 mois écoulés et la quille en poche. Et pas question de s’échapper entre-temps, la filière n’a quand même pas oublié de prendre les contacts de leurs familles restées en Colombie, au cas où. Au bout des 3 mois, Maru s’est bien débrouillée, très bien même, son patron est même fier d’elle, c’est une des premières à  avoir remboursé sa dette aussi rapidement. Il faut dire qu’elle plait aux hommes, elle sait s’y prendre en amour paraît-il, de quoi les faire revenir d’une semaine sur l’autre. Alors ils lui donnent son bon de sortie. Mais après avoir goûté à  des salaires européens rapidement gagnés, difficile de revenir dans le civil, payée au lance-pierre.

Journée sans voiture

Journée sans voiture (El tiempo)Aujourd’hui Bogotà¡ est une ville sans voiture. Enfin presque, car il y a quand même 40’000 taxis et 14’000 bus. Le trafic est plus fluide et la pollution diminue de plus de la moitié. La seule chose qui ne change pas c’est le bruit immonde de ces bus pourri. Le transmilenio fonctionne parfaitement mais le réseau est loin d’être complet alors il existe toujours une quantité énorme de petits bus qui tombent en ruine, polluent un max (le jour où ils ont fait grève la pollution à  aussi diminué de moitié) et conduisent n’importe comment.

Aujourd’hui c’est un peu “leur journée”, c’est triste à  dire mais en fin de compte les chauffeurs de bus sont bien content, ils peuvent même faire des course entre eux. L’invention de la journée sans voiture n’a bien sûr pas ce but et chaque année le débat autour de cette journée fait rage. Les détracteurs parlent des pertes économiques soit disant immense et du transmi encore plus plein que plein. Mais cette journée a été décidé par référendum en 2000 et finalement améliore la vie de 75% de la population, alors profitons pour sortir nos vélos!

Santa Fé, royaume des plaisirs négociés

 

Ce texte est le premier épisode d’une série titrée “Un regard sur la prostitution en Colombie: Maru, princesse du quartier Santa Fe à  Bogotà¡” écrit par Sablebel.

Il est 7h30. Des cantonniers municipaux balaient en silence les ordures amassées le long des trottoirs. Les vendeurs de rue installent tranquillement leurs étals de cigarettes et de bonbons en s’échangeant quelques mots. Les devantures des magasins s’ouvrent une à  une dans un crissement métallique. On ne sait pas vraiment si le quartier Santa Fé s’éveille ou bien s’il s’éteint lentement après une nouvelle nuit à  la dérive. Une nuit de plus à  divertir les poignées d’hommes venus se déniaiser au contact des corps négociés, venus tromper la vigilance des épouses trop occupées à  maintenir les foyers à  flot. Une nouvelle nuit passée à  transformer quelques milliers de pesos économisés en fantasmes assouvis, à  baiser contre rançon les créatures de paillettes alignées sur les trottoirs de la Calle 22 ou bien sur le perron des bordels attenants.

Quand on parle de prostitution dans ce contexte, il ne faut pas s’imaginer la “prostitution de papa” chez Madame Régine dans les années 50, ni même celle des motels aseptisés sur le bord de la Route 66. Non, il s’agit là  d’une prostitution organisée, d’une véritable industrie du sexe, désormais institutionnalisée. Organisée puisque plusieurs centaines de femmes, plus de mille selon les sources, exercent “le plus vieux métier du monde” dans les quelque 130 bordels concentrés dans une zone d’à  peine dix rues sur dix, aux confins de l’Avenue Caracas et de la Calle 22. Institutionnalisée en véritable industrie puisque la Mairie locale vient de doter la zone d’un “Pacte” encadrant les activités de prostitution dans le quartier, sur le modèle du tristement fameux Quartier Rouge d’Amsterdam.

Le travail sexuel est pourtant officiellement considéré comme illégal en Colombie, en raison notamment d’un lobby catholique persistant, mais la zone disposait jusqu’à  présent d’une appellation spécifique de “Zona de Tolerencia”, permettant aux maisons closes et autres bars de nuit d’avoir pignon sur rue sans être trop inquiétés par la police.

Les autorités de Bogota avaient ainsi choisi de tolérer la prostitution dans un seul quartier de la ville plutôt que de légiférer de quelque manière que ce soit sur le sujet. En octobre 2006, cette appellation spécifique de “Zona de Tolerencia”, qui finalement ne signifiait pas grand-chose du point de vue légal, a évolué en statut de ” Zona de Alto Impacto”.

Ce nouveau statut confère un cadre officiel et légal aux activités de prostitution sur la zone. Il a ainsi été signé un accord entre les principaux protagonistes de la zone (travailleurs sexuels, propriétaires d’établissements, services de police, services sociaux, associations de quartier, “usagers”…) assignant des droits et devoirs aux uns et autres afin de règlementer l’activité pour une meilleure protection collective. Ainsi, par exemple, les propriétaires doivent désormais respecter un certain nombre de normes de sécurité et d’hygiène dans leurs établissements, les travailleurs et travailleuses sexuels doivent éviter les attitudes exhibitionnistes pendant la journée, la police s’est engagée à  effectuer des rondes à  horaires fixes, les associations à  mettre en place des activités de formation professionnelle pour les personnes prostituées…

En résumé, un bel accord de principe sur le papier. Une réalité autrement difficile à  mettre en oeuvre.

 

Avis de marée humaine

Ciclovia nocturnaHier soir, jeudi 14 décembre, a eu lieu la ciclovia nocturne. La ciclovia se déroule normalement le dimanche et les jours fériés. Ce sont quelques heures où les grandes avenues sont fermées aux voitures. C’est, en général, un moment parfait pour faire du vélo, du roller où simplement aller courir. La particularité de hier était la composante nocturne, en fait l’idée est de permettre à  tout le monde d’aller profiter des illuminations de la ville.

Le résultat est une véritable marée humaine, les organisateurs parlent de 3 millions de personnes, presque la moitié de la ville! Le vélo n’était pas le plus approprié, les deux jambes étaient bien plus pratique pour se faufiler à  travers cette immense foule et profiter de cette bonne humeur ambiante…

J’avais malheureusement oublié mon appareil, je récupère alors une photo d’El Tiempo…

Bogotá ville moderne!

BogotàƒÂ¡.JPGLa Xe biennale d’architecture a eu lieu à  Venise pendant le mois de novembre et bien sûr Bogotà¡ a gagné!
La capital colombienne a réussit une transformation ces dix dernières années que peu de ville ont tenté. Les trois derniers maires, de bord complètement différent (Garzà³n, Mockus et Peà±alosa) ont eu des politiques complémentaires et visionnaires qui ont permis un développement exceptionnel. La mobilité a été modernisée avec le transmilenio et les nombreuses pistes cyclables, des zones piétonnes ont été créées. Une grande quantité d’espaces publics ont été aménagé. Une modernisation importante mais en respectant les parties ancienne, le quartier de la Candelaria (la vielle ville) a gardé tout son charme.
De même au niveau social les progrès sont immenses, une cinquantaine d’écoles construites et une quarantaine de bibliothèques permettent aux enfants d’avoir accès à  une éducation moderne.
Bogotà¡ est maintenant considéré comme un exemple d’urbanisation en Amérique Latine, de nombreuses délégations viennent visiter les progrès de la ville et plusieurs échanges se sont mis en place. La police bolivienne copie le programme de formation de la police urbaine bogotienne, le Transmilenio s’est exporté dans d’autre ville, etc.
On parle aussi du développement culturel qui s’est produit, une diversification des restaurants, la création de musées et la rénovation d’autres… bref Bogotà¡ est une ville dynamique où il fait bon vivre. Même en terme de sécurité Bogotà¡ n’est pas mal lotie, bien plus sûr que beaucoup d’autre ville Latino-Américaine.
Alors le titre de la biennal, Bogotà¡, la ville la plus intelligente est largement mérité, et est maintenant, la nouvelle fierté de ces habitants !

Moments sympathiques

Hier soir des feux d’artifices et des bougies ont allumé toute la ville, et malgré la pluie et le froid la foule a envahi les rues. La nuit du 7 décembre est un grand moment, et qu’on veuille ou non participer, c’est un jour parfait pour se promener la nuit dans la Candelaria (vieille ville). N’étant pas un quartier très sûr, flâner dans les ruelles de nuit n’est pas une activité commune. Le jour des lumières est bien différent et cela fait plaisir de pouvoir seulement traîner, suivre la foule et profiter. De plus comme le 8 est un jour férié on termine dans un bar-boite-de-nuit. Le choix est ample et divers, même si j’ai une préférence pour El Goce Pagano, Quebracanto ou Escobar y Rosas il y en a pour tous les goûts.

Le seul inconvénient de rentrer à  5 heures est que le lendemain je n’ai pas eu le courage d’aller voir la course de la tour Colpatria. C’est une tour de 48 étages et le but est bien logiquement d’arriver le plus vite possible en haut. Le premier a mis 5 minutes et 19 secondes; je suis sûr qu’il a traîné. L’année prochaine je m’inscris et je lui montre.