Il n’a été qu’une fois au ciné dans sa vie et la dernière fois qu’il a mis une cravate c’était lorsque qu’il était trompettiste, il y a plus de 20 ans. Pourtant Evo, comme il aime apparemment se faire appeler, n’est pas né de la dernière pluie. Il a été berger de lamas, cultivateur de riz puis de coca. Sa première expérience de leader c’était avec une équipe de foot de son quartier. Je ne dis rien de bien nouveau en suggérant ses origines populaires. Très populaire même, 4 de ses frères et soeurs sont morts alors qu’ils n’avaient pas 3 ans.
Il a ensuite suivi ce qu’on appelle une formation continue, a participé à de nombreuses réunions de syndicats, de nombreux séminaires à travers toute l’Amérique latine. Petit à petit, à force de former des groupes, des syndicats il a été reconnu comme un leader socialiste. Il a su ensuite s’entourer d’académiciens comme Garcàa Linera, professeur en sciences sociales de l’Université Publique.
Son combat date au minimum du début des années 80. L’imposition du «consensus de Washington» en 1985 a marqué sa carrière politique. Ce fameux consensus du FMI appliqué à de nombreuses économies en crise crée en Bolivie (comme dans bien d’autres pays) un appauvrissement de la population. Le petit «plus» ajouté par les USA est le financement de la lutte anti-narcotrafic. Par cela, ils entendent la destruction des cultures de coca… et donc la ruine de milliers de paysans, déjà appauvris par les réformes économiques.
Evo fait alors partie des militants cocaleros. Le slogan des protestations «vive la coca, dehors les gringos» est encore bien connu aujourd’hui.
Les manifestations, qui ne se limitent pas à défendre la culture de coca, durent mais les privatisations continuent (compagnies pétrolières, télécommunications, système électrique etc.).
Plusieurs violentes confrontations ont lieu, notamment en 1994, 1996 puis en 2000 où la loi martiale fini par être décrétée, mais finalement le gouvernement doit faire marche arrière.
En 2002 les élections présidentielles donnent gagnant le rival d’Evo, mais les élections, bien que très serrées, laissent un goût amer de démocratie sous tutelle: Les USA ont menacé les Boliviens que s’ils votaient pour Evo les différentes aides à la Bolivie seraient supprimées.
Le gouvernement qui ne représentent pas le peuple et continue avec ses réformes impopulaires et injustes provoque un tel mécontentement qu’une révolution éclate. La police et les travailleurs n’arrivent juste pas à renverser le gouvernement mais celui-ci perd toutes formes de popularité.
Presque 3 ans plus tard, de nouvelles élections amènent, enfin, un indigène au pouvoir. Fin janvier Mr Bush a, de manière très cordiale, félicité et souhaité bonne chance au nouveau Président de Bolivie. Une semaine plus tard les USA annoncent que leur aide pour la lutte contre le trafic de drogue allait diminuer de 80 millions à 67 millions de dollars.
Il est vrai qu’à la vue de l’admiration d’Evo pour Chavez et Fidel, les USA ont quelques soucis à se faire. Cependant si leur but est qu’Evo et son parti optent pour une gauche raisonnable à la manière du Chili, avec Mme Bachelet, ou du Brésil, avec Lula on pourrait légitimement se demander s’ils suivent une bonne politique pour arriver à leur fin.
Source : «Evo sin suéter», Gatopardo, Marzo 2006