Depuis quelques temps les instances économiques colombiennes se préoccupent de la situation. Le dollar a littéralement chuté, passant en dessous de la barre des 2000 pesos. L’inflation s’est légèrement élevée. La Banque centrale préoccupée par l’inflation prit les premières mesures, augmentant le taux que les banques doivent garder en stock lorsque vous déposer de l’argent sur votre compte. Une mesure faite pour limiter les crédits.
Le gouvernement s’est quant à lui préoccupé pour la chute du dollar (ou la montée du pesos comme vous voulez). Le “lobby” des exportateurs étant relativement présent et puissant. Très vite le gouvernement s’est accordé pour lui donner un subside, pour lui permettre de continuer à être compétitif sur le marché mondial. à‡a a du sens, sauf si la mesure s’éternise, ce qui, malgré tout, est largement probable.
Ensuite on a eu droit à une limitation des investissements étrangers, plus ou moins le même jour qu’un journal de business US disait que la Colombie était un des pays en voie de développement les plus intéressant pour investir. C’est vous dire l’effet…
Bref le dollar continu à baisser. Le stress commence à monter, aussi vite que la bourse fait des sienne. Les critiques s’élèvent, les mesures sont inefficientes, et la même question revient, que faire?
Les économistes, tous plus diplômé les uns que les autres commencent à entrer en scène. Il faut faire ci, ça ou sou… cependant rien de bien novateur sous les tropiques. La réévaluation, pourquoi pas? laissez courir le pesos jusqu’à ce qu’il stabilise, et profiter de ce que peut apporter la réévaluation… un payement de dette par exemple. Même le FMI s’en mêle: la réévaluation n’est pas synonyme de ralentissement économique. Ce qui n’est pas faux, simplement le FMI n’est pas vraiment l’institution qu’on écoute le plus, surtout en Amérique Latine.
C’est là qu’est sorti une proposition qui retiendra mon attention: la dollarisation. Dans mon esprit la dollarisation était plutôt la solution ultime en cas crise désespérée, type Equateur. Mais pas forcement, pourquoi se limiter. L’idée de la dollarisation est simplement de remplacer la monnaie nationale par le dollar. L’Equateur, El Salvador, Panama sont des pays dollarisés. L’expérience au niveau macroéconomique n’est généralement pas une catastrophe, cela facilite les exportations et l’intégration dans le marché mondial, réduit les coûts de transaction. Bref beaucoup de petits avantages qui favorisent les grandes entreprises. Dans les défauts on compte, entre autres, la perte d’indépendance de la politique monétaire, la perte d’un symbole national et bien sûr, le plus important, des problèmes pour les petits.
Même si ce n’est pas pour tout suite l’idée est présente dans quelques esprits. De plus, les grands économistes de ce monde le voient comme quelque chose presque inévitable. Cependant avant d’imaginer une dollarisation de la Colombie voire même du continent il faudrait peut-être renforcer le partenariat avec le sub-continent, savoir s’associer avec une région plus ou moins similaire à l’économie du pays. Avoir une politique monétaire commune avec (ou plutôt imposé par) les Etats-Unis ne me semble pas vraiment être la meilleure idée pour un pays avec une économie en construction. Mundell a gagné un prix Nobel pour dire ce genre de truc il y a quarante ans… c’est sûrement pas pour rien!