Ce week-end on a eu le plaisir d’assister au final des différentes campagnes électorales des candidats à la présidence. Les élections vont se dérouler dimanche prochain et l’ambiance n’est pas vraiment au folklore.
Depuis quelque temps la campagne a pris une tournure qui n’a rien d’intéressant. Je me plaignais du manque de débat pour les élections du congrès et du sénat, et bien je ne sais plus quoi dire pour les élections présidentielles. Le débat s’est réduit malgré les efforts de nos 3 candidats non-présidents.
Il y a d’abord Mockus, ancien Maire de Bogotà¡, personnage intelligent et cultivé, qui a une expérience administrative longue et réussie. Il n’a aucune chance mais tente de discuter et il montre un respect envers les autres …
Ensuite Serpa, le candidat officiel libéral, un grand-père sympathique, le problème est qu’il n’est pas soutenu pas l’élite, même pas celle de son parti. Il vient du peuple et s’est payé l’uni en vendant des bricoles au coin de la rue. Cela n’empêche qu’il possède le Cv le plus complet de tous. Il a été juge, à 9 ou 10 niveau différent (municipal, etc. etc.) ensuite magistrat, congressiste, sénateur, ministre, ambassadeur, et j’en passe car je ne me souviens plus.
Le candidat du Polo Democratico, Gaviria, va probablement passer au deuxième tour contre Uribe. Ce n’est pas un politicien, mais un académicien, il manque de charisme mais son discours est vraiment intelligent. Depuis qu’il a commencé sa campagne les intentions de vote en sa faveur ont plus que doublé. Certain veulent le comparer avec Chavez, ou le présenter comme un communiste que veut donner le pays au FARC, c’est une erreur d’appréciation immense. Tout d’abord il n’a jamais eu un seul contact avec les FARC, ensuite il n’a pas grand chose de communiste. Son discours est très libéral (même parfois plus que Serpa), il ne veut en rien rompre les relations avec les USA, et au niveau économique il demande simplement que les traités (le TLC dans ce cas) soit juste… Comme personnage de gauche il défend bien sûr les droits de l’homme et le social, mais il ne veut pas rompre avec l’idée de renforcer la présence de l’Etat dans la société colombienne. Ce que fait Uribe avec l’augmentation de la présence militaire.
Leyva était candidat, il a renoncé après de nombreux problème de sécurité, principalement dans les régions Des-paramilitarisées, mais aussi car la loi de garantie n’était pas du tout respectée : normalement chaque candidat a droit à un temps de parole égal dans les médias mais quand Uribe parle 7h les autres parlent 15 minutes…
La campagne d’Uribe a été marquée par des insultes contre les autres candidats, ou contre les étudiants qui ont osé le questionner sur sa politique économique. Son principal conseiller a dit que le pays avait 3 ennemis : les groupes terroristes, les amis des groupes terroristes (ONG, Journalistes..) et les académiciens…
Sinon la police a retrouvé le corps d’un conseiller d’un candidat (de gauche, comme par hasard). L’enquête a conclu à une chute alors qu’il faisait son jogging et que les chiens de la rue lui auraient mangé les bras… Une autopsie privée nous dit que qu’il a reçu un coup à la tête et que le bras on été coupé (c’est apparemment clair) pour éviter qu’on puisse voir les détails des tortures qu’il lui on été affligées aux mains.
L’autre moment fort était le meurtre de la soeur d’un ex-président, actuel chef du parti libéral et opposant à Uribe.
Bien sûr le journal El Tiempo s’est empressé, comme à chaque fois, de nous dire que c’était les FARC et que pour ça il fallait voter Uribe et sa politique de sécurité démocratique. Il faut dire que ce journal a réussit à combler ce que ne disait pas Uribe qui n’a jamais voulu participer à aucun débat. Le seul quotidien national s’est chargé de démontrer tous les jours à quel point le président est bon, grand et gentil. Le problème est qu’on ne sait toujours pas ce qu’il va faire pendant son prochain mandat. Depuis 3 jours il parle de négocier avec les FARC, chose qui est totalement incohérente avec le reste de ses idées… Comment peut-on négocier avec des terroristes? Il existe aussi un bruit comme quoi il voudrait réformer le congrès. Les congressistes de son parti commencent à avoir peur et préféreraient qu’il ne gagne pas au premier tour, car une reforme du congrès faite par Uribe veut dire une diminution du pouvoir du congrès, déjà faible et une centralisation du pouvoir entre ses mains.
La tournure autoritaire du président devient évidente et même El Tiempo a du mal à le cacher. Le seul point positif que j’ai réussit à percevoir dans cette fin de campagne est le lent réveil de la population, les critiques contre les mensonges répétitifs du gouvernement et contre l’autoritarisme d’Uribe, le problème est qu’ici la gauche fait encore peur, comme si la révolution communiste allait se reproduire.