Cinq ans se sont écoulés depuis l’annonce par Pastrana de la fin du processus de paix entamé 3 ans auparavant entre les FARC et le gouvernement colombien. Ce jour fut d’une grande désillusion pour la majorité des Colombiens même si les derniers mois des négociations la crise était sous-jacente.
Peu de temps après Ingrid Betancourt et Clara Rojas sont enlevée par les FARC en replis vers la jungle. Ingrid Betancourt n’a pas voulu écouter les avertissements, elle a cru que la guérilla la laisserait passer pour aller rendre visite à un élu de son parti. Elle a eu confiance, confiance en elle. Elle a toujours eu beaucoup de force et de courage pour ses combats politiques. Au point de sacrifier sa vie de famille, pour une femme venant d’une famille conservatrice dans un pays très conservateur c’est plutôt exceptionnel.
La suite de l’histoire est le jeu du chat et de la souris, où Ingrid Betancourt et les autres otages ne sont que de la marchandise. Alvaro Uribe est élu trois mois après la fin du processus de paix, pour, cette fois, exterminer la guérilla. Uribe est un homme intelligent, relativement bien formé et nourrit de haine contre la guérilla à cause de l’assassinat de son père. Il maintient alors une poigne de fer pour arriver à ses fins.
Cinq ans plus tard il a réussi à sécuriser les axes principaux du pays mais les FARC sont toujours bien là . Les guérilleros ont simplement repris une lutte de guérilla, en petits groupes très mobiles. Ils ne se comportent plus comme une armée régulière.
La politique de sécurité du Président Uribe ne laisse pas de place pour la négociation. Bien qu’il se dise finalement disposé à l’accepter, il n’est pas prêt pour payer le prix. Hier encore il refusait d’ouvrir une zone démilitarisée, condition préalable pour la guérilla. Ce qui le pousse une fois de plus à annoncer une nouvelle offensive.
La grande peur des familles des otages est l’organisation des secours par l’intervention armée. Il existe quelques cas isolés de réussite, notamment celle du nouveau ministre des affaires extérieures, mais la majorité finissent en bain de sang. La guérilla assassine ses otages lorsqu’elle se sent attaquée.
La libération d’Ingrid Betancourt et des autres otages risque de prendre encore du temps, à moins que le président se décide à accepter la dernière proposition en date des 3 pays “amis” (France, Suisse et Espagne) de sécuriser une zone pour négocier.
Pendant ce temps le cas Ingrid Betancourt continue à faire couler beaucoup d’encre. L’ambassade de France à Bogotà¡ attend 150 journalistes, l’affaire Betancourt a le mérite d’attirer les médias sur la Colombie, bien trop souvent oubliée. Il suffit de voir la quantité d’articles paru cette semaine pour s’en rendre compte. (Le monde ; Libération, Le Figaro, La croix, L’Express)
Certains l’idolâtrent, d’autres la critiquent mais finalement tout le monde est d’accord pour dire que cinq années c’est beaucoup trop. L’affaire, qui c’était déjà invité au gouvernement français avec comme porte parole Mr De Villepin, est arrivée dans la campagne présidentielle. Ségolène Royal a déjà reçu les enfants Betancourt, faisant une série de promesses mais sans prendre position sur le sauvetage armé. Quant à Mme Buffet elle a annoncé son opposition à ce type d’action. D’autres visites sont apparemment prévues, de nouvelles promesses attendues.
Pourtant comme le souligne Daniel Pécault, grand spécialiste de la Colombie, lors d’une interview accordée à L’Express, la France peut simplement faire savoir que, le jour où les Farc s’engageront à négocier des accords humanitaires ou de paix, elle facilitera le dialogue, malgré cette estampille de “terroriste” que les FARC ont de la peine à supporter.
En attendant de meilleurs auspices pour les otages, on ira soutenir l’idée de l’échange humanitaire en dansant la salsa sur la place Bolivar lors du concert organisé par la mairie de Bogotà¡.