La course à la Mairie de Bogotá: c’est parti!

Quatre ans sont passés (déjà ) depuis les dernières élections. En ce temps là  je suivais la campagne du candidat au conseil municipal, Sà¡enz. Il était membre du Polo et par conséquent soutenait la candidature de Moreno. Les deux gagnèrent.
Moreno a depuis été destitué, à  cause du chantier de corruption ou de la corruption du chantier. Sà¡enz a démissionné de son poste et du parti rejoignant Petro et les dissidents du Polo. Le Polo s’est en partie décomposé à  cause de la très mauvaise gestion de l’administration de Moreno, mais aussi car ses membres n’ont jamais réussit à  s’entendre. L’aile dure (extrême gauche) s’étant approprié les postes clés du parti, les centristes sont partis. L’ex-sénateur Petro fonda alors le mouvement citoyen “progresistas” et s’est lancé à  la mairie de Bogotà¡, avec pas mal de chance de l’emporter. Le candidat du Polo aura du mal à  se faire une place, il traîne les casseroles de Moreno.
De l’autre coté, à  droite, plusieurs candidats tentent leur chance, deux font partie du peloton de tête: Peà±alosa et Mockus. Oui oui.. les deux étaient membres du fameux “partido verde” qui n’a de vert que le nom et qui fit un joli score à  la dernière élection présidentielle. Seulement voilà , ce magnifique parti qui bénéficia d’un engouement populaire l’année dernière car il représentait l’alternative à  Uribe s’est simplement associé (je dirais même vendu) au parti de l’ex-président et futur taulard Uribe. Peà±alosa, qui est prêt à  tout pour être réélu (il a déjà  été maire de Bogotà¡), s’est associé avec les ennemis de ses collègues de parti. Mockus qui continue à  se présenter comme Monsieur éthique a logiquement quitté le parti… mais son orgueil étant aussi grand que son éthique est flexible, il a donc choisit, à  la dernière minute, de se lancer à  la mairie avec un parti qui passait par là  et qui ne représente pas grand chose, et bien sûr il n’a pas de programme… à  part son orgueil débordant.
Bref la course à  mairie a commencé et les trois favoris sont Petro, Peà±alosa et Mockus. Si je pouvais voter mon vote irait à  Petro, car il aborde tous les thèmes importants pour la ville: lutte contre la pauvreté, éducation, protection de l’environnement, mobilité etc. et aussi car les deux autres ont réussit, en bien peu de temps, à  détruire toute crédibilité à  une possible opposition au pouvoir en place, montrant bien peu d’intérêt au projet citadin et national, préférant leurs nombrils!
Et comme le seul vrai défenseur de l’écologie est Roberto Saenz, mon soutien au conseil de la ville est sans faille! … et pour la première fois je vais aussi suivre la campagne au niveau des localités de Bogotà¡, ou plutôt d’une localité: Chapinero, et comme c’est un bon lieu de fête et que je défendrais toujours la prévention et non la répression mon vote irait à  Marcela Tovar… qui un de ces jours mériterait un post complet.
Il reste un peu moins de 3 mois de campagne qui s’annonce tendue et plein de rebondissements, malheureusement je ne pourrais pas les suivre de la même manière que la dernière fois, le devoir m’appelle de l’autre coté de l’océan… mais j’ai des informateurs très bien placés, donc affaire à  suivre!

La Colombie vote

Jour J. Plusieurs candidats s’affrontent à  grand coup de vote après plusieurs semaine d’une campagne ultra vivante, pleine de débats, d’idée, de vie et de prise de position politique. Un grand hommage à  la cour constitutionnelle qui n’a pas autorisée un troisième mandat d’Uribe. Merci à  Uribe de partir. La suite à  court terme on peut presque l’assurer: un deuxième tour entre l’ancien ministre de la défense, Juan Manuel Santos et un ex-maire de Bogotà¡, Antanas Mockus. Après … veremos!

Uribe: un lourd bilan

Uribe est arrivé au pouvoir en 2002. Les discutions de paix avec les FARC venaient d’être rompues et il était nécessaire de reprendre le contrôle du territoire cédé aux FARC. L’armée, avait commencé une grande réforme et bénéficiait déjà  du soutien massif des Etats Unis. Uribe lance alors sa politique de sécurité démocratique, basée en grande partie sur l’armée et sa capacité accrue. Les réussites militaires sont nombreuses, les FARC reculent, et retrouvent petit à  petit la taille d’une guérilla « normale », puissante mais pas dangereuse au point de pouvoir prendre le dessus face à  une armée régulière. Les FARC perdent plusieurs têtes, et finalement se réadaptent à  la nouvelle situation, elles sont actuellement à  nouveau capable de prendre l’initiative dans les combats.
Un deuxième volet de la politique d’Uribe est la négociation avec les paramilitaires, qui aboutit à  la mise en place de la loi de « justice et paix » et la démobilisation de la majorité des groupes paramilitaires. Plus de 30 mille déposeront de vieilles armes et tenteront de reprendre une vie civile. Mais à  peine démobilisé, plusieurs groupes se reforment et continue à  contrôler leur territoire. Finalement ils se réarmeront et reprendront du service, en menaçant et tuant tout leur opposant. Les dernières élections du congrès en sont un exemple, le pouvoir des « ex » paramilitaires est toujours bien en place. Et plus grave encore, on dénonce déjà  la collaboration de certaine force officielle (police ou armée).
L’armée, boustée par un politique de prime aux guérilleros mort, se lâche et commence à  tuer des jeunes pour les déguiser ensuite et les faire passer pour des guérilleros mort. Après plusieurs années de pratique la justice réussit enfin a se saisir du cas et de nombreux militaires sont arrêter et jugé. Les hauts gradés ne sont pas vraiment inquiétés et les responsables politiques se défilent. Les conséquences pour l’armée sont immenses, son image retrouve le niveau des pires époques, le moral est dans les chaussettes et la volonté au combat s’en fait ressentir grandement.
La colonne vertébrale de la politique Uribitienne est donc gravement touchée, pourtant on continue à  vanter ses mérites…
Une visite du reste de la situation n’est guère plus encourageante. La situation économique est catastrophique, comme c’était prévu, dès qu’une crise allait pointer le bout de son nez les conséquences sociales seraient terrible : la crise à  eu lieu, les capitaux frivoles, qu’Uribe voulait tant, sont reparti. Rien n’a été construit pendant ces 10 années de croissance incroyable. Tout est parti dans le financement d’une armée en dépression. Le fossé entre riche et pauvre s’est encore agrandi. Le taux de chômage est un des pire de l’Amérique du Sud.
La corruption, elle, est en forme. Il suffit de voir le programme « inventé » par l’ancien ministre de l’agriculture (surnommé Uribito, tellement ils se ressemblent et sont proche). Il a utilisé des fonds publics pour financer les grandes familles propriétaires colombiennes. On ne parle pas des magouilles pour modifier la constitution pour qu’Uribe fasse son deuxième mandat : les personnes qui ont vendu leur vote sont en prison, par contre celle qui ont payé n’ont jamais été inquiétée. Ni de ceux qui on fait campagne pour le 3e mandat de leur grand chef… Ceux-ci seront bientôt jugés.
Et pour finir en beauté, le scandale du DAS (service secret colombien), qui a été utilisé par le pouvoir exécutif (les preuves existent maintenant) pour attaquer l’opposition, les syndicats etc. Il fut un temps où on appelait ca le terrorisme d’Etat… maintenant c’est devenu de la lutte anti-terroristes, avec des cibles plutot surprenante.
La liste est longue, probablement sans fin, alors au lieu de m’attarder sur la concentration du pouvoir, la désinstitutionalisation, les tensions diplomatique avec les voisins et tout autres « dommages collatéraux » d’une sécurité démocratique aux résultats très passagers, je préfère penser que Mockus sera prochainement élu et trouvera la force et les soutiens nécessaire à  une normalisation post-uribitiene.

Mockus: ni vert ni de gauche!

La campagne pour les présidentielles s’est enflammée. Après le retrait forcé d’Uribe, le débat politique a repris en Colombie. Il est possible, depuis peu, d’imaginer des alternatives, de penser que la sécurité démocratique (labelisé mais pas encore brevetée par Uribe) soit reprise par quelqu’un d’autre que le messie tyranique.
Plusieurs candidats se veulent des héritiers naturels de se qu’on appelle l’Uribisme. Santos, ex-ministre de la défense, responsable d’une attaque contre le pays voisin, coupable d’avoir utiliser le symbole de la Croix Rouge de maniere illégale et surtout, responsable de la disparition de milliers de jeunes (les fameux falsos positos), détient pour l’instant les meilleures posibilitées de remplacer son maitre adoré. Il faut dire quand terme de violation des droits de l’homme c’est probablement celui qui s’en rapproche le plus.
L’autre candidat de l’Uribisme, la conservatrice Sanin, est déjà  plus ou moins à  l’ouest, elle s’est fait torpillé sa campagne par son compagnon de parti, le nain de jardin proche du grand maitre, qui lui aussi traine des casseroles pleine de pot de vin et de corruption… Arias, connu comme Uribito.
Cependant la grande nouvelle du moment ce n’est pas que les Uribistes soient des corrompus, violeur des droits de l’homme, massacreur et allié des paramilitaires, la nouvelle de la campagne c’est le phénomène Mockus.
Mockus est un ancien maire de Bogotà¡, ancien recteur de l’Université National…. connu pour avoir imaginer des politiques complètement folle pour éduquer les gens de Bogotà¡ … et le pire c’est que ca a marché! Il a aussi montré son cul en public, il s’est présenté comme MONSIEUR éthique pendant pas mal de temps.
Il n’a pas de grosse machine politique qui le suive sinon une bonne série de compagnon de route, tel que Fajardo, ancien maire de Medellin, Lucho garzon, ancien maire de Bogotà¡, Peà±alosa, ancien maire de Bogotà¡…. Bref un panel de gens expérimenté et intéressant, venant d’horizon différent.
Mockus tente alors de mobiliser la Colombie a travers internet, le bouche à  oreille, les artistes, intellectuels etc etc… Une campagne qui ressemble dans l’idée (pas les moyens) à  celle du grand pays du nord.
Bref Mockus secoue un peu le panorama politique d’une Colombie complétement hypnotisée par 8 ans de pouvoir d’un gars qui s’est pris pour dieu, mais que la loi a ramené sur terre. (rien à  voir mais le pape aurait besoin de la même chose, enfin je dis ca je dis rien).
Maintenant il reste à  savoir si Mockus, du parti vert mais qui n’a rien d’écolo, arrivera à  créer la surprise. Il a l’énorme avantage de proposer une équipe de personalités qui se complète si elles arrivent à  s’entendre. Et une équipe est bien plus intéressante qu’un dieu entouré de larbin neuneu.

Les artistes colombiens pour Mosckus:
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=v8HU4qxbC_k[/youtube]

Fin des campagnes électorales

Ce week-end on a eu le plaisir d’assister au final des différentes campagnes électorales des candidats à  la présidence. Les élections vont se dérouler dimanche prochain et l’ambiance n’est pas vraiment au folklore.

Depuis quelque temps la campagne a pris une tournure qui n’a rien d’intéressant. Je me plaignais du manque de débat pour les élections du congrès et du sénat, et bien je ne sais plus quoi dire pour les élections présidentielles. Le débat s’est réduit malgré les efforts de nos 3 candidats non-présidents.

Il y a d’abord Mockus, ancien Maire de Bogotà¡, personnage intelligent et cultivé, qui a une expérience administrative longue et réussie. Il n’a aucune chance mais tente de discuter et il montre un respect envers les autres …

Ensuite Serpa, le candidat officiel libéral, un grand-père sympathique, le problème est qu’il n’est pas soutenu pas l’élite, même pas celle de son parti. Il vient du peuple et s’est payé l’uni en vendant des bricoles au coin de la rue. Cela n’empêche qu’il possède le Cv le plus complet de tous. Il a été juge, à  9 ou 10 niveau différent (municipal, etc. etc.) ensuite magistrat, congressiste, sénateur, ministre, ambassadeur, et j’en passe car je ne me souviens plus.

Le candidat du Polo Democratico, Gaviria, va probablement passer au deuxième tour contre Uribe. Ce n’est pas un politicien, mais un académicien, il manque de charisme mais son discours est vraiment intelligent. Depuis qu’il a commencé sa campagne les intentions de vote en sa faveur ont plus que doublé. Certain veulent le comparer avec Chavez, ou le présenter comme un communiste que veut donner le pays au FARC, c’est une erreur d’appréciation immense. Tout d’abord il n’a jamais eu un seul contact avec les FARC, ensuite il n’a pas grand chose de communiste. Son discours est très libéral (même parfois plus que Serpa), il ne veut en rien rompre les relations avec les USA, et au niveau économique il demande simplement que les traités (le TLC dans ce cas) soit juste… Comme personnage de gauche il défend bien sûr les droits de l’homme et le social, mais il ne veut pas rompre avec l’idée de renforcer la présence de l’Etat dans la société colombienne. Ce que fait Uribe avec l’augmentation de la présence militaire.

Leyva était candidat, il a renoncé après de nombreux problème de sécurité, principalement dans les régions Des-paramilitarisées, mais aussi car la loi de garantie n’était pas du tout respectée : normalement chaque candidat a droit à  un temps de parole égal dans les médias mais quand Uribe parle 7h les autres parlent 15 minutes…

La campagne d’Uribe a été marquée par des insultes contre les autres candidats, ou contre les étudiants qui ont osé le questionner sur sa politique économique. Son principal conseiller a dit que le pays avait 3 ennemis : les groupes terroristes, les amis des groupes terroristes (ONG, Journalistes..) et les académiciens…

Sinon la police a retrouvé le corps d’un conseiller d’un candidat (de gauche, comme par hasard). L’enquête a conclu à  une chute alors qu’il faisait son jogging et que les chiens de la rue lui auraient mangé les bras… Une autopsie privée nous dit que qu’il a reçu un coup à  la tête et que le bras on été coupé (c’est apparemment clair) pour éviter qu’on puisse voir les détails des tortures qu’il lui on été affligées aux mains.

L’autre moment fort était le meurtre de la soeur d’un ex-président, actuel chef du parti libéral et opposant à  Uribe.

Bien sûr le journal El Tiempo s’est empressé, comme à  chaque fois, de nous dire que c’était les FARC et que pour ça il fallait voter Uribe et sa politique de sécurité démocratique. Il faut dire que ce journal a réussit à  combler ce que ne disait pas Uribe qui n’a jamais voulu participer à  aucun débat. Le seul quotidien national s’est chargé de démontrer tous les jours à  quel point le président est bon, grand et gentil. Le problème est qu’on ne sait toujours pas ce qu’il va faire pendant son prochain mandat. Depuis 3 jours il parle de négocier avec les FARC, chose qui est totalement incohérente avec le reste de ses idées… Comment peut-on négocier avec des terroristes? Il existe aussi un bruit comme quoi il voudrait réformer le congrès. Les congressistes de son parti commencent à  avoir peur et préféreraient qu’il ne gagne pas au premier tour, car une reforme du congrès faite par Uribe veut dire une diminution du pouvoir du congrès, déjà  faible et une centralisation du pouvoir entre ses mains.

La tournure autoritaire du président devient évidente et même El Tiempo a du mal à  le cacher. Le seul point positif que j’ai réussit à  percevoir dans cette fin de campagne est le lent réveil de la population, les critiques contre les mensonges répétitifs du gouvernement et contre l’autoritarisme d’Uribe, le problème est qu’ici la gauche fait encore peur, comme si la révolution communiste allait se reproduire.