Andrés Carne de Res
Le riz est en train de cuire, il est 9h 9h30 et aucun plan à l’horizon pour nous divertir vraiment si ce n’est d’être posé à discuter des élections à venir ou de la prochaine pièce de théâtre de la Candelaria.
Le téléphone vibre et tout s’accélère : “dans une demi heure on se retrouve pour aller à Andrés Carne de Res”. Et c’est quoi ça? Une boite, restau, bar… tout en un!
Bref on est dans le centre, il nous faut trotter au nord pour arriver chez nous. Petit changement de tenue et c’est parti.
D’abord on se retrouve chez une connaissance et on attend que le reste de la troupe arrive, qu’elle se change, qu’elle se maquille… Parfait pour faire connaissance avec les autres.
Après une bonne heure on est tous en route, entassé dans deux voitures. Le groupe est assez hétéroclite, il y a des étudiants d’art, de science-po et quatre dindes* dans toute leur splendeur. Bien sûr comme à mon habitude je me retrouve dans la voiture avec les dindes. Et là , les sujets s’enchaînent tous aussi fascinants les uns que les autres. Première constatation que je fais: la dinderie est internationale. La tenue, la mode et le look représentent bien les 80% du temps de parole. Difficile à suivre, elles gloussent de nombreux termes que je ne comprends pas, mais je m’accroche c’est l’occas d’être à la page. Ensuite les histoires des conquêtes et désenchantements amoureux prennent le relais…
Le temps passe vite en écoutant ces histoires et heureusement car le trajet est assez long, on sort de Bogotà¡ pour arriver dans un bled complètement perdu mais noir de monde. C’est impressionnant le parking accueille environ deux mille voitures. Les Porsche Cayenne côtoient les BMW. Et après avoir passé la fouille habituelle on entre dans une ferme. C’est immense, démentiel, les gens se bousculent, boivent du rhum, mangent des grillades, dansent sur les tables… On est à Andrés Carne de Res, la boite la plus « play » de Bogotà¡.
La décoration sort de l’imaginaire genevois. On trouve de tout: des casseroles qui pendent, des Jésus entourés de tête de mort, des piliers en capsule de bière, des malles, des dizaines de bar en bois, des petits escaliers qui mènent nulle part, des moulins, des arbres, des anges et j’en passe… c’est impossible à décrire il y a tellement de choses, du kitsch ou moins kitsch, c’est vraiment chargé mais c’est fait avec beaucoup de goût. Une équipe de décoration vient chaque semaine pour modifier, améliorer une salle. Le lieu est presque magique, on a l’impression d’être dans un conte fantastique; on s’attend à ce que le grand père d’Harry Potter vienne saluer Bilbo le Hobbit. Même le bar des cowgirls de New York avec ses 10’000 sous-tif accrochés au plafond, ses drapeaux américains, son comptoir en bois où les filles dansent et crachent du feu, n’arrive pas à la cheville d’Andrés.
Le rhum coule, on danse, les pirates festoient, et la nuit passe. Les pauvres serveurs n’en peuvent plus, ils ont beau être 200 il faut courir pour servir tout ce monde.
La musique s’adoucit, les gens s’effacent. Il est l’heure de rejoindre nos oreillers mais la magie d’Andrés nous fera rêver en douceur.
* Pour avoir des précisions sur ce qu’est une dinde lisez “La Dinde attitude” page 35 du Comet n°2