Sam Raimi était un réalisateur qui promettait. L’auteur d’ « Un plan simple » m’avait ravit, l’histoire de corruption et trahison dans cette froide petite ville américaine augurait le meilleur.
Le froid communiqué m’est resté dans ce nouveau film, mais un froid indolore, indifférent, une couverture givrée qui endort et non qui pousse à se remuer. Un film impersonnel donc, avec une répétition de clichés comme si Raimi n’était plus capable d’originalité.
Spider-man nous conte l’histoire archi-connue de Peter Parker, un lycéen qui va se transformer en araignée humaine, dans la plus pure tradition des super héros d’outre atlantique. Enfant discret, repoussés par tous, féru de science, il va être piqué par une araignée génétiquement modifiée qui va lui transmettre des pouvoirs surhumains. Il ne se fera alors plus embêter au lycée par les armoires à glaces qui lui cherchent des noises.
La mort de son oncle-père adoptif, assassiné par un voleur que Parker a laissé fuir, va lui faire réaliser qu’il est important d’oeuvrer pour le bien, que « un grand pouvoir implique une grande responsabilité » (la fameuse phrase de W. Churchill). Partant à la fin de ses études en ville, il y rejoindra sa dulcinée dont il est amoureux depuis l’âge de 6 ans ainsi que son meilleur ami.
La suite n’a pas grand intérêt (enfin, encore moins que le début), tant les platitudes vont s’enchaîner; très très fort, Parker se met un point d’honneur à débarrasser la ville de tous les méchants individus qui la peuplent, voguant d’immeuble en immeuble à l’aide de ses toiles d’araignées. Il finira par tisser sa toile mortelle autour du grand méchant de fin de niveau, et repoussera le bonheur parce qu’il « a de grandes responsabilités ».
Les clichés sont si nombreux dans ce film que passé le premier quart-d’heure on ne les voit même plus. On s’habitue à tout. Le garçon timide et romantique, qui s’habille en premier de la classe comme on n’en a jamais vu en classe, une histoire d’amour soporifique, une morale hollywoodienne. Bref, que Sam Raimi gâche son talent pour un navet pareil est révoltant.
Les dialogues complètement tordus, où de nombreux moments de silences sont visiblement présent parce que le scénariste ne savait pas quoi écrire plutôt que signifiant vraiment quelque chose, de nombreux suivis de scènes complètement incompréhensibles, une quantité de scènes absolument inutiles au film (le père criant dans son appartement et recevant son fils, à croire que le fils est autiste et ne se rend pas compte du dérangement de son père), on se demande si un réalisateur était vraiment là pour diriger un film. Non seulement c’est un film industriel, mais en plus il est bâclé, manque de tonus, est ennuyeux.
Même les SFX m’ont laissés sur ma faim; ils ont un arrière-goût d’inachevé, comme si l’équipe chargée de les produire avait été incapable de se coordonner.
Déçu, déçu, déçu par ce qu’a pondu Sam Raimi; si l’argent n’a pas d’odeur, on peut légitimement se demander quel fumet l’a attiré vers la réalisation de blockbusters, chose dans laquelle, comble du comble, il n’excelle manifestement pas.
Le numéro 2 de Spider-Man est prévu pour 2004, il y a peu de chances pour qu’il ne se plante pas à nouveau, mais après tout, s’il y a eu un glissement dans la toile une fois, pourquoi pas une deuxième ? Croisons les doigts…
(message original du 18-10-2003 @ 04:20:53)