Une fois, dans l’histoire intitulée Tango, j’ai dessiné deux lunes avec lesquelles Corto discutait. C’est arrivé par hasard : j’avais déjà dessiné une lune, puis, sans m’en rendre compte, parce qu’elle était cachée par une feuillle, j’en ai dessiné une autre. J’aurais dû en effacer une, mais j’ai vu qu’elle allaient bien ensemble, qu’elles suggéraient quelque chose, et alors je me suis inventé une petite histoire pour justifier leurs deux présences.
C’est l’une des quelques – rares – phrases recueillies par Vincenzo Mollica (journaliste à la RAI) pour un hommage à Hugo Pratt : La Lune [1]. L’astre, indissociable de l’univers féérique du gentleman-pirate Corto Maltese, héros anarchiste et rêveur dont le renom a dépassé celui de son géniteur, nous est présentée sur 14 pages très courtes, consacrées principalement aux croquis du marin romantique.
Pour éphémère que soit la plongée dans l’univers du regretté Pratt, la rétrospective réussit à prétexter des dessins à peine esquissés pour nous conter l’histoire de l’homme vu de la Lune : comment l’astre voit-il l’arrivée de l’homme dans son champs de vision ? Comme si c’était le lointain croissant qui rêvait de l’humanité, et non l’inverse. Partant de peintures rupestres à la gloire notre satellite, on voyage dans ce qui reste le plus long périple jamais effectué : aux côtés des guerriers Arabes et de leurs étendards aux multiples croissants, ou des chevaliers et sorcières chevauchant vers des cratères, on finit par alunir à une époque que n’a jamais connu notre Corto Maltese. Peut-être parce que cet hommage posthume de Casterman ne sera jamais vu par Pratt lui-même ?
A moins que, du haut de notre grand lampadaire nocturne, le romantique dessinateur continue à nous observer…
Références
- Ouvrage offert à l’achat de deux titres de l’oeuvre de Hugo Pratt. Edité par Casterman, 2005, d’après une idée de Cong SA, 1989[↩]
Corto ne se lit pas … mais se vit 😉
Corto, ça se lit en oubliant toute formule mathématique.
Et arrête de parler de stats, j’ai peur que Tatiana ne passe par là. Elle est déjà assez fourbe et joueuse, ces temps-ci, ne va pas l’inspirer encore plus.
« 14 pages », « 2 lunes », .. c’est clair
« le plus long périples jamais effectué » …ça veut dire quoi? où sont passée tes statistiques légendaires … cette publicité corto/casterman me laisse sur ma faim .. combien de kilomètres, en combien de temps, combien de Km/h .. etc